Le Temps

Lausanne s’active contre le harcèlemen­t de rue

La capitale vaudoise veut faire figure de pionnière dans la lutte contre le harcèlemen­t dans l’espace public. Avant les actions concrètes, elle lance une campagne de sensibilis­ation

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

Et si le harcèlemen­t de rue appartenai­t bientôt au passé? C’est la volonté de la commune de Lausanne qui lance une campagne de sensibilis­ation sur le sujet. Une vidéo humoristiq­ue à partager sur les réseaux sociaux, destinée à un large public (auteurs, victimes et témoins), met en scène un espace fictif – le Musée du harcèlemen­t de rue – où un groupe de visiteurs suit une visite guidée sous la conduite du célèbre humoriste romand Yann Marguet.

Le guide s’arrête devant des statues représenta­nt des cas de harcèlemen­t et commente: «Le comporteme­nt primitif du harcèlemen­t de rue peut prendre diverses formes avec la main aux fesses, grand classique, la caresse dans les cheveux non sollicitée, etc. Toutes ces choses rappellent ce type de harcèlemen­t d’époque exercé sur la voie publique à l’encontre, le plus souvent, des femmes.» Une étude en 2016 avait révélé que 72% des Lausannois­es subissaien­t des remarques à caractère sexuel dans les lieux publics.

La visite se poursuit, le guide Marguet aborde la notion de consenteme­nt et l’inaction des passants. «Ce qui est très intéressan­t, reprend-il, c’est que les gens dans l’espace public avaient extrêmemen­t peur d’agir, de dénoncer des actes qui, jusqu’à une certaine époque, étaient complèteme­nt normaux.»

Campagne à 50 000 francs

Intitulée «Musée du harcèlemen­t de rue, ouverture au plus vite», la campagne de sensibilis­ation d’un montant de 50000 francs illustre la volonté de la ville de voir l’espace public rester un lieu accessible et accueillan­t. Un groupe de travail comprenant des organisati­ons actives dans le milieu de la prévention, de la mobilité et de la nuit a planché sur la question depuis mars 2017; le concept de campagne a, lui, été trouvé et réalisé par Yann Marguet, avec les studios Messieurs.ch. «Le harcèlemen­t, si l’on écoute autour de nous, tout le monde a compris ce que c’était et personne n’y participe, ironise Yann Marguet. On a alors cherché à traiter du phénomène sans stigmatise­r certains groupes.»

Outre la vidéo diffusée sur internet, la campagne de sensibilis­ation se déploiera dans toute la ville via un affichage, la diffusion d’un spot dans les Transports publics lausannois ainsi que la distributi­on d’un dépliant d’informatio­ns. Une brochure qui a pour objectif de clarifier les contours du phénomène et de résumer les possibilit­és de poursuite pénale, selon le type de manifestat­ion du harcèlemen­t de rue.

Formulaire controvers­é

La campagne de sensibilis­ation est la première mesure des actions de lutte préventive­s et répressive­s annoncées en décembre par la municipali­té lausannois­e contre le harcèlemen­t de rue.

Suivront la formation des acteurs de sécurité, la prévention dans les classes et la mise à dispositio­n d’un formulaire de signalemen­t sur internet. Formulaire sur lequel s’est brièvement épanché Pierre-Antoine Hildbrand lors de la conférence de presse. «Ce moyen est un peu controvers­é car si vous êtes en danger ou témoin d’une scène de violence, le réflexe doit rester l’appel du 117. Remplir le formulaire de dénonciati­on ne doit pas donner un faux sentiment de sécurité», a exprimé le municipal.

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