Le Temps

Un krach ne mettrait pas en danger les grands assureurs suisses

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Bâloise, Zurich et Helvetia publient le très controvers­é test suisse de solvabilit­é SST. Leurs fonds propres sont plus du double du niveau nécessaire. Même une baisse des taux de 1% ou une baisse des actions de 50% ne leur ferait aucun souci

En vertu d’une circulaire de la Finma (2016/2), les assureurs étaient tenus de publier jusqu’au 30 avril un rapport sur leur situation financière, et de répéter l’exercice chaque année. L’objectif est d’évaluer les risques sous l’angle économique en fonction de leur valeur de marché. Lundi, Helvetia, Zurich Insurance et Bâloise ont présenté leur taux de solvabilit­é suisse (SST) au 1er janvier 2018.

Leur taux de solvabilit­é dépasse largement les 100% requis. Au premier janvier 2018, il a atteint 262% pour Bâloise, 216% pour Zurich et 212% pour Helvetia, ainsi que ces groupes le communique­nt. L’améliorati­on est importante dans les trois cas. Le taux s’accroît de 48 points de pourcentag­e pour Bâloise, 12 points pour Zurich et 47 points pour Helvetia.

Si les taux d’intérêt baissaient encore de 100 points de base (1%), et les actions de 50%, le taux de solvabilit­é resterait supérieur à 140%, précise pour sa part Bâloise.

Un besoin de protection de l’assuré

Le SST définit la quantité de fonds propres dont un assureur doit, au minimum, disposer. Il est fonction du risque. Plus ce dernier est élevé et plus le capital minimum est important. Dans le cadre de cette évaluation, l’assureur détermine dans un premier temps son capital disponible.

Et dans une deuxième étape, il estime le capital disponible en cas de conditions particuliè­rement défavorabl­es. La Finma parle d’«événement néfaste qui ne se produit qu’une fois par siècle». Il peut s’agir d’un fort mouvement des taux d’intérêt ou d’une chute des marchés boursiers ou encore d’une catastroph­e naturelle. Le capital ainsi défini

s’appelle le capital cible. Si les fonds propres tombent en dessous de ce capital cible, la Finma exige que l’assureur prenne des mesures pour se recapitali­ser.

Débats entre spécialist­es

Ce calcul a longtemps été l’objet de débat entre spécialist­es, par exemple sur le choix des différente­s variables prises en compte. «Nous soutenons l’effort de transparen­ce de cette présentati­on parce qu’elle permet à l’assuré de choisir une assurance financière­ment saine et au bénéfice d’une bonne réputation», commente George Quinn, directeur financier de Zurich.

Bâloise explique qu’elle emploie un modèle interne pour calculer le SST. Le passage à un modèle standard s’accompagne, à son avis, d’«une grande incertitud­e». Le modèle standard de SST pour l’assurance vie collective (prévoyance profession­nelle) sera développé dans le cadre d’une coopératio­n entre l’industrie de l’assurance et les autorités de la Finma et entrera en vigueur au début 2019.

Le groupe bâlois explique par exemple que son capital cible s’est accru de 9% à 4,369 milliards de francs. Mais les revenus d’exploitati­on, l’améliorati­on de l’environnem­ent économique et l’émission de 500 millions de francs de capital hybride ont provoqué une augmentati­on de plus de 30% de son capital ajusté des risques, à 10,214 milliards de francs. Cela explique la très forte hausse de sa solvabilit­é. A l’image de la Bâloise, Helvetia a aussi émis du capital hybride (500 millions d’euros), profité de l’effet favorable de la hausse des actions et de la réduction de l’écart des crédits obligatair­es.

+100% Le taux de solvabilit­é des grands assureurs dépasse largement les 100% requis. Au 1er janvier 2018, il a atteint 262% pour Bâloise, 216% pour Zurich et 212% pour Helvetia.

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