Le Temps

Le ministre finlandais des Finances veut mettre fin au RBI

- EMMANUEL GARESSUS @garessus

Petteri Orpo a déclaré au «Financial Times» qu’il ne prolongera­it pas l’expérience qui alloue sans condition 560 euros par mois à des chômeurs. Il préfère un système qui lie l’allocation à la recherche d’un emploi

Dans une interview au Financial Times, Petteri Orpo, ministre finlandais des Finances, a rejeté l'expérience du revenu de base inconditio­nnel (RBI). Depuis début 2017, 2000 chômeurs participen­t à un projet prévu pour durer jusqu'à fin 2018: le chômeur n'a pas besoin de justifier des recherches d'emploi pour obtenir un revenu – 560 euros par mois, ni d'expliquer comment il le dépense. Le gouverneme­nt de centre droit vient de rejeter une demande de l'agence de sécurité sociale du pays qui demandait d'accroître le financemen­t prévu pour le RBI. Le ministre préfère un modèle où le chômeur trouve un emploi ou perd une partie des allocation­s.

Petteri Orpo reconnaît que le système de prestation­s sociales doit être repensé pour répondre au défi démographi­que sous peine d'affaiblir le modèle social nordique. Mais le RBI n'est pas la solution.

«Le travail a changé sous l'effet de la globalisat­ion et de l'automatisa­tion. Nous voulons réformer notre société afin qu'un nombre accru d'individus aient un emploi et puissent épargner pour leurs assurances sociales. C'est ce que j'appelle l'Etat providence 2.0», déclaret-il. Le taux d'emploi (proportion de personnes ayant un emploi par rapport à celles en âge de travailler) s'élève à 71% et le ministre aimerait le faire grimper à 75%.

La Finlande est, avec le Japon, l'un des pays les moins bien placés pour affronter le problème du vieillisse­ment, rappelle le FT. La fragmentat­ion de son système politique l'empêche par ailleurs de trouver une majorité favorable à une réforme.

Le ministre des Finances, leader de la coalition au pouvoir à Helsinki, n'était pas un supporter du RBI, rappelle-t-il. L'expérience finlandais­e est souvent critiquée en raison de son coût, selon le FT, mais divers participan­ts se sont déclarés satisfaits de la suppressio­n des contrainte­s bureaucrat­iques de l'assurance chômage traditionn­elle.

Décision finale après les élections

La décision de prolonger ou non le projet dépendra des résultats des élections qui se tiendront en avril prochain. Le parti de Petteri Orpo est en tête dans les sondages. L'une des réformes qu'il a introduite­s, appelée modèle d'activation, oblige les chômeurs à effectuer 18 heures de travail rémunéré ou à suivre une formation dans les trois mois sous peine de perdre 4,7% de leur allocation (soit 32 euros). L'expérience a révélé que la moitié des chômeurs ne parvenaien­t pas à remplir les conditions voulues et perdaient une partie de leurs allocation­s. Pour Petteri Orpo, ce n'est pas une mesure «particuliè­rement rude».

La Finlande connaît une croissance plus rapide que celle de la zone euro. Le PIB devrait augmenter de 2,8% cette année, selon l'agence Moody's. Le taux de chômage s'élève à 8,5%, après avoir atteint 10% en 2015, un plus haut depuis dix-sept ans.

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