«L’intelligence artificielle aidera les médecins à prendre des décisions»
Le directeur du Centre de médecine computationnelle en cardiologie et chef du service d’électrophysiologie du Cardiocentro au Tessin Angelo Auricchio explique les enjeux de la numérisation dans son domaine
Directeur du Centre de médecine computationnelle en cardiologie et chef du service d’électrophysiologie du Cardiocentro au Tessin, Angelo Auricchio donne un aperçu de la révolution en cours dans son secteur.
Comment les technologies numériques affectent-elles votre travail? Les capteurs dans les stimulateurs cardiaques implantables (pacemaker) ou les défibrillateurs illustrent par exemple bien comment la numérisation des informations physiologiques collectées automatiquement et en continu est utile. Les données vitales des patients porteurs de ces appareils peuvent être transmises à l’hôpital et au médecin traitant par téléphone portable. L’évolution de l’état du patient peut ainsi être suivie à distance par le médecin.
Les images produites avec la tomographie computérisée (TC) et la résonance magnétique sont-elles utiles? Traitées et combinées avec des modèles mathématiques sophistiqués, elles permettent de mieux localiser les problèmes du patient, mais aussi de tester virtuellement la thérapie que nous aurions choisie et d’en vérifier l’efficacité. De sorte que l’on peut déterminer immédiatement si cette thérapie est adaptée ou une autre doit être essayée. Il s’agit donc de thérapies personnalisées, faites sur mesure pour le patient concerné. Ceci est possible depuis sept ou huit ans. L’intelligence artificielle aidera les médecins à prendre des décisions. IBM a un projet expérimental appelé Watson qui recueille des milliers de données sur les patients, les maladies et les traitements et qui à l’aide d’algorithmes, détermine les meilleures thérapies en fonction des particularités de chacun de ces éléments.
Le dossier médical électronique (DME) est-il toujours plus répandu? Oui, il facilite le partage d’information entre médecins, ce qui entraîne plus d’efficacité et de transparence. La collecte d’informations sur les patients et l’utilisation de modèles mathématiques permet de créer des profils de patients qui nous donnent la possibilité de mieux comprendre les effets des thérapies sur une pathologie ou un patient particulier. En outre, le traitement de l’information contenue dans le DME permet de comprendre l’évolution d’une maladie chez des patients ayant des caractéristiques communes. L’utilisation abusive de ces instruments n’est toutefois jamais exclue. Personne ne s’attendait au scandale Facebook-Cambridge Analytica. Heureusement, dans le domaine médical, il existe déjà des réglementations strictes quant à l’utilisation de données sensibles et de nouvelles lois seront encore adoptées pour protéger les patients.
Ces nouvelles technologies demeurent-elles coûteuses? Oui et elles nécessitent des ressources humaines considérables. Pour certaines opérations, nous avons encore besoin d’ordinateurs très performants. Mais les coûts diminuent rapidement. Ces pratiques deviendront routinières et s’étendront à tous les hôpitaux. A long terme, elles permettront d’économiser beaucoup de temps et d’argent. Car dès le départ, le diagnostic et le traitement choisis seront les plus appropriés. La cardiologie est à la pointe dans l’utilisation des technologies numériques, en particulier ici au Tessin, même au niveau européen.
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«La cardiologie est à la pointe dans l’utilisation des technologies numériques» ANGELO AURICCHIO, MÉDECIN