Pierre Maudet est revenu de Téhéran en jet privé
Le président du Conseil d’Etat désigné a fait un voyage officiel en Iran en février 2016. Il a préféré un retour en jet privé, avec un grand patron genevois, à l’avion affrété par la Confédération
Le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet est rentré d’un voyage officiel à Téhéran en jet privé plutôt qu’avec l’avion de la Confédération, selon la Neue Zürcher Zeitung.
Cette péripétie a pour cadre une mission officielle à Téhéran, organisée par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, en février 2016. Chef de l’Economie genevoise, Pierre Maudet faisait partie des invités. Parmi les dirigeants ayant pris part au voyage se trouvait Diego Aponte, le patron de Mediterranean Shipping Company (MSC), dont le siège mondial se trouve à Genève. Le PLR a confirmé au quotidien avoir préféré rentrer directement à Genève en jet avec Diego Aponte et d’autres acteurs de l’économie plutôt que de prendre l’avion confédéral qui l’aurait amené à Belp. A l’aller, Pierre Maudet avait aussi renoncé à emprunter cet appareil pour des questions d’agenda. Il était monté dans un vol Swiss affrété par economiesuisse, qu’il avait payé de sa poche.
Interrogé par la NZZ, François Longchamp, le président du Conseil d’Etat genevois auquel Pierre Maudet succède ce jeudi à 17 heures, souligne que dans tous les cas le canton n’a rien déboursé. La solution adoptée au final aurait d’ailleurs permis à l’élu de gagner du temps et de discuter avec l’un des plus gros employeurs genevois (900 personnes). Cet argument ne convainc pas Mark Pieth, professeur de droit à l’Université de Bâle, pour qui Pierre Maudet aurait dû prendre rendez-vous avec Diego Aponte s’il avait voulu échanger avec lui.
Cet épisode fait suite au voyage de Pierre Maudet en 2015 à Abu Dhabi. Il s’y est rendu en famille ainsi qu’avec son chef de cabinet et un ami proche pour suivre le Grand Prix de formule 1. Les vols, l’hébergement et les billets pour la manifestation faisaient partie de «packages», payés par un tiers, sur place. La révélation de ce déplacement par la Tribune de Genève, après le second tour des élections cantonales, enraie l’élan que le nouveau gouvernement veut insuffler à la législature. Le ministre a admis avoir été imprudent. Il se défend en affirmant qu’il s’agissait d’un voyage privé et non de cadeaux vu qu’aucune contrepartie ne lui a été réclamée.
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