Poison commercial
Donald Trump dispose d’un allié sournois dans sa guérilla commerciale sur l’acier avec l’Union européenne: la défiance. La bataille, en effet, est inégale. Même si les négociations commerciales sont une compétence indiscutée de la Commission, seule à représenter les intérêts des Etats-membres dans les instances internationales, la politique refait toujours son apparition dans les moments de tension. Et qui dit politique, au niveau de l’UE, dit toujours risque de divergence, voire de collision, entre Bruxelles et les 27 autres capitales en ces temps de fièvre souverainiste et d’europhobie croissante
Le plus probable, à court terme, est bien sûr que les Européens se montreront unis face au forcing américain, surtout dans l’enceinte de l’Organisation mondiale du commerce. Mais les responsables communautaires savent que les procédures de l’OMC exigent de la patience et que Donald Trump continuera à ouvrir d’autres fronts, en particulier sur l’Iran et les sanctions extraterritoriales. Ils savent aussi que la proximité des élections européennes de 2019 promet de renforcer la rhétorique protectionniste. D’autant que les gouvernements les plus pro-Trump au sein de l’UE, comme ceux au pouvoir en Hongrie ou en Pologne, affichent de bons résultats économiques et n’ont pas – contrairement à l’Allemagne, à la France ou à l’Italie – d’industries métallurgiques exportatrices susceptibles de souffrir immédiatement des taxes imposées outre-Atlantique.
Une double bataille s’engage donc: commerciale et communautaire. Le nationalisme économique insufflé par Washington est, que Bruxelles l’admette ou non, un puissant poison.
▅