A qui le Prix Nobel de la paix?
Donald Trump se serait coupé la voie au Prix Nobel de la paix en renonçant à se rendre au sommet de Singapour. Tant mieux. Et même s’il devait tout de même faire le déplacement le 12 juin prochain, il n’est pas raisonnable d’attribuer une telle distinction à un homme qui n’irait rencontrer son homologue coréen que pour mieux lui imposer la force états-unienne. Qui voudrait discréditer ce prix exceptionnel et ce qu’il représente au monde ne ferait pas mieux en le lui attribuant. Personne n’a encore osé réfléchir à remettre le Prix Nobel à Kim Jong-un, du moins pas ouvertement. […] Alors à qui? Rappelons que selon les volontés d’Alfred Nobel, le Prix Nobel de la paix récompense «la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix». A-t-on oublié que la Suisse joue un rôle clé dans le maintien de la paix entre les Corées et ceci depuis la conclusion de l’armistice entre ces deux pays le 27 juillet 1953? Elle y apporte sa longue expérience des bons offices comme elle le fait aussi avec discrétion et compétence ailleurs dans le monde. Par sa participation historique à la NNSC (Neutral Nations Supervisory Commission) dès sa création, au côté d’autres pays oeuvrant conjointement pour la paix, elle a joué un rôle bien plus déterminant et efficace que le gazouillis de Donald Trump, fût-il à retentissement planétaire. Alors pourquoi ne pas songer à la Suisse et reconnaître ses efforts de longue haleine en la distinguant d’un Nobel de la paix qui, à mon sens, lui reviendrait pleinement sans discrédit pour le comité d’attribution de cette haute distinction, bien au contraire. […]
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