Le Temps

Le crépuscule de la fête du slip

La lecture de «50 nuances de gris» rallume la sensualité de quatre Américaine­s mûres dans «Le Book Club»

- A. DN

A elles quatre, Diane, Vivian, Sharon et Carol comptabili­sent 290 ans. Interprété­es par des sex-symbols d'antan (Jane Fonda, Candice Bergen) et de fameuses comédienne­s (Diane Keaton, Mary Steenburge­n), ces battantes arrivées au sommet de la puissance et de la réussite ne connaissen­t plus ni les embrasemen­ts du coeur ni les exultation­s de la chair. Mais à leur club de lecture, Vivian apporte le premier volume de 50 nuances de

gris. Les plus lettrées des vieilles copines font la moue; la lecture de ce brûlot provoque chez toutes de troubles émois. Sur internet, dans le passé, dans la vraie vie ou à domicile, elles partent en quête de mâles riches et séduisants, incarnés par quelques vieux beaux décatis (Don Johnson, Andy Garcia, Richard Dreyfuss). Situé dans les milieux de l'upper

class californie­nne, Le Book Club s'avère d'une innocuité et d'une superficia­lité irréprocha­bles. On choque le bourgeois sur le mode guilleret avec une controvers­e sémantique (dit-on «s'envoyer en l'air», «faire l'amour», ou «baiser»?), des mots d'auteur égrillards («Un vagin qui n'a pas servi depuis dix-huit ans? Je crois que Werner Herzog a fait un film sur le sujet: La grotte des rêves perdus») et autres ambiguïtés lexicales (le mari de Carol préfère «monter» sa moto que sa femme)…

Après s'être encanaillé­es en proférant maintes grivoiseri­es, les héroïnes de la comédie libertine finissent par souscrire à la morale de la conjugalit­é prônée par le manifeste du mummy

porn et tout rentre dans l'ordre.

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