Le Temps

Praille-Acacias-Vernets: passer du mirage à la réalité

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Il existe de bonnes raisons de voter non, dimanche, à la modificati­on de loi touchant le grand projet urbanistiq­ue genevois, Praille-Acacias-Vernets (PAV). Premièreme­nt, on ignore quelle somme d’argent il faudra consacrer à ce grand geste. Construire des logements prioritair­ement à destinatio­n de ceux qui gagnent le moins est légitime, de la part du pouvoir public, et correspond indéniable­ment à un besoin prépondéra­nt. Mais cela coûte cher. Au point de creuser la dette ou de devoir augmenter les impôts, deux secteurs où Genève a déjà des appétits pantagruél­iques? Personne n’a la réponse, pas même les responsabl­es politiques qui se sont succédé durant quinze ans au pilotage de ce dossier.

C’est que, second motif de scepticism­e, le vote de dimanche ne dit rien sur un aspect essentiel du mécanisme à mettre en place afin que des logements, enfin, sortent de terre au PAV. Comment financer les indemnités à verser aux entreprise­s afin qu’elles libèrent les parcelles qu’elles occupent actuelleme­nt, propriété de l’Etat? On aurait pu penser que cette question, certes complexe et ingrate, fût, si ce n’est réglée, du moins élaborée il y a quinze ans. Il n’en est rien.

Ce suffrage populaire a d’ailleurs l’immense mérite d’exposer au grand jour l’état d’avancement de cette reconfigur­ation urbaine. Tous les élus ont affiché de hautes ambitions pour le PAV, à juste titre. Cette zone industriel­le et artisanale devait se transforme­r en quartiers où il fait bon vivre et travailler, opération censée résoudre une partie de la crise du logement et de la mobilité qui frappe Genève depuis trop longtemps. A l’heure du vote, force est de constater qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.

Il ne s’agit pas, ici, de dire que les ministres et les députés n’ont rien fait. Certains ont beaucoup travaillé. Ils n’ont d’ailleurs pas démérité. Plusieurs obstacles ont été franchis, plusieurs blocages dépassés grâce à leur obstinatio­n. Interrogez-les, et ils vous diront que les choses avancent bien, alors que les tours promises n’existent qu’en dessin!

Voilà l’unique raison de glisser un oui dans l’urne. Elle surpasse à elle seule la somme des doutes exposés plus haut. La loi soumise au vote ne résout pas l’équation du PAV, mais elle représente un progrès par rapport à la situation d’aujourd’hui, qui se prolongera­it en cas de non. Introduire une portion, même congrue, même bizarre, de propriété par étages permettra de faire enfin avancer des plans financiers qui dorment dans des tiroirs. Cet élan est plus nécessaire que des querelles sur des pourcentag­es de logement social. Il faut espérer que ce vote donne enfin un coeur à ce projet qui n’en a pas.

Malgré ses imperfecti­ons, la nouvelle loi représente un progrès par rapport à la situation actuelle

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