Le casino de Campione fait banqueroute
Après des mois de crise, le géant s’écroule suite au décret de faillite du tribunal de Côme, laissant près de 500 travailleurs sur le carreau
Les machines à sous se sont tues. Depuis vendredi, le casino de Campione est fermé. Une sentence du tribunal de Côme a décrété la faillite de la maison de jeu de la commune italienne enclavée dans le territoire helvétique. Le casino, créé en 1933 et qui prétend être le plus grand d’Europe, laisse 492 employés sans travail. A la suite de l’annonce, quelques centaines de personnes ont défilé avec des chandelles vendredi soir dans les rues de Campione.
Décision «inattendue»
Le 24 juillet, la commissaire extraordinaire de la commune, Angela Pagano, a rejeté le plan de restructuration financière soumis par la société de gestion, le jugeant «trop optimiste» quant aux recettes futures du casino. Le tribunal a ensuite refusé à son administrateur unique, Marco Ambrosini, une demande de geler toute décision jusqu’en septembre, lors de la prochaine audience prévue.
Trois curateurs de faillite ont été nommés pour procéder à l’inventaire des actifs. Le dépôt de bilan est prévu pour lundi et la maison de jeu restera fermée jusqu’à nouvel ordre.
En janvier dernier, le procureur de Côme avait adressé au parquet une demande de faillite pour insolvabilité. Au 30 avril, la dette de l’établissement s’élevait à 132 millions d’euros, à raison d’une perte annuelle d’une vingtaine de millions ces dernières années.
Le maire de Campione, Roberto Salmoiraghi, a déclaré à la RSI qu’il ferait recours contre la décision «inattendue» du tribunal de Côme. Les travailleurs, mais aussi les 1860 résidents de la commune italienne, dont l’économie locale et les centaines d’employés communaux dépendent du casino, mettent leurs espoirs dans une rencontre à Rome le 1er août entre leur maire et le Ministère de l’économie et des finances.
Conseiller communal de la ville de Lugano, Lorenzo Quadri fait valoir que la banqueroute de la maison de jeu italienne représente «une grande tragédie» pour les employés et leurs familles qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail. «En revanche, dans une autre perspective, on peut imaginer que le casino de Lugano, et donc nos finances publiques, pourrait tirer profit de cette situation.»
L’édile rappelle que le casino de Lugano se plaignait de concurrence déloyale de la part de celui de Campione, lequel bénéficiait de lois italiennes plus souples, permettant notamment le déficit, interdit en Suisse. «Par le passé, la maison de jeu de Campione a reçu du financement public dont la conformité avec les directives européennes était pour le moins douteuse», ajoute-t-il. Lorenzo Quadri demeure néanmoins sceptique. «Une institution quasi centenaire ne peut pas fermer d’un coup comme cela. Je ne pense pas que ce soit le point final de ce feuilleton.»
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«Dans une autre perspective, on peut imaginer que le casino de Lugano, et donc nos finances publiques, pourrait tirer profit de cette situation» LORENZO QUADRI, CONSEILLER COMMUNAL DE LA VILLE DE LUGANO