«Nous allons nous efforcer de les faire revenir»
A la tête de Baselworld depuis le 1er juillet dernier seulement, Michel Loris-Melikoff réagit à l’annonce foudroyante du départ de son premier exposant
Michel Loris-Melikoff, qui vient de reprendre la direction de Baselworld, succédant à Sylvie Ritter, connaît des débuts difficiles avec l’annonce du départ de Swatch Group. Ce juriste de 53 ans reconverti dans l’événementiel, qui a dirigé auparavant la Street Parade de Zurich et la société MCH Beaulieu (Lausanne), défend son salon.
Tenez-vous la décision de Swatch Group pour définitive ou espérez-vous pouvoir le faire changer d’avis? Je ne pense pas qu’une telle décision puisse être communiquée sans être définitive. Mais nous restons bien sûr en contact régulier avec ce partenaire, comme nous le sommes avec tous les grands groupes horlogers suisses, et nous allons nous efforcer de le faire revenir.
Vous perdez votre principal exposant, alors que d’autres sont déjà partis. Baselworld peut-il encore tenir? Oui, j’en suis absolument convaincu. Nous avons 650 exposants, qui sont en attente des changements que nous élaborons.
Les groupes horlogers vous reprochent de ne pas tenir compte de leurs critiques… Certains prétendent même que nous les aurions mis devant le fait accompli pour l’organisation de Baselworld 2019, mais j’ai du mal avec cette terminologie! Après le bilan de l’édition 2018, nous avons présenté de nouvelles idées une première fois le 3 mai, ensuite sous la forme d’un concept sommaire déjà un peu plus élaboré, devant les exposants suisses réunis à Neuchâtel le 29 mai, et finalement devant le comité mondial des exposants le 4 juillet. Nous avons intégré les premières réactions dans notre réflexion et présenterons une version détaillée le 3 septembre. La conception de notre «Vision 2020» devrait être aboutie d’ici à novembre. Mais nous avons dû lancer sans attendre le processus de vente pour 2019. Le timing est serré. Je rappelle aussi que j’ai pris mes fonctions le 1er juillet dernier!
Trouvez-vous injuste la décision de Swatch Group?
Je peux comprendre l’impatience du groupe, mais la décision me déçoit, car je n’ai pas encore eu suffisamment de temps pour élaborer en détail notre concept. Nous devons continuer à travailler sur notre magnifique projet. Il y a une critique qui revient de toutes parts et que je partage, c’est celle qui porte sur le prix des hôtels à Bâle. J’en ai moi-même fait l’expérience, puisque je me suis vu facturer 500 francs lors du salon une chambre qui en coûte ordinairement 180. Mais nous venons justement d’embaucher un hospitality manager, qui a entamé des discussions avec les hôteliers.
Le prix d’entrée pour les visiteurs (60 francs) est aussi cher… Sur ce point, mon opinion n’est pas encore faite. Il faut comparer avec d’autres manifestations du même type.
Nick Hayek prétend que les foires horlogères comme celle de Bâle n’ont plus de sens…
Ce n’est pas ce que nous disent les autres marques suisses, dont les attentes ne sont pas toutes les mêmes. La foire doit se moderniser et s’adapter aux besoins de l’industrie, c’est clair, et c’est notre rôle de trouver le juste milieu.
Craignez-vous que le départ de Swatch Group ne déclenche une débandade parmi les exposants? Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Je constate que nos idées pour la foire ont été majoritairement reçues de manière positive. Cette annonce suscite bien sûr des questions. Nous allons y répondre avec transparence, en faisant savoir dans quelle direction nous voulons aller. Le communiqué de presse qui sera diffusé lundi, comme nous l’avions prévu, a été rédigé en concertation avec des exposants suisses.
Ne regrettez-vous pas trop Lausanne, où vous dirigiez MCH Beaulieu Lausanne SA? J’y ai passé une excellente période, avec une équipe et des clients formidables. Bâle n’est pas si loin de Lausanne. J’ai maintenant le défi enthousiasmant d’écrire une nouvelle page de Baselworld.
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MICHEL LORIS-MELIKOFF DIRECTEUR GÉNÉRAL DE BASELWORLD «La foire doit se moderniser et s’adapter aux besoins de l’industrie, c’est clair, et c’est notre rôle de trouver le juste milieu»