Le Temps

Le Moscow Mule

Pendant l’été, «Le Temps» vous propose de prendre un verre en vous racontant les histoires de quelques cocktails célèbres

- TEXTE: ÉDOUARD AMOIEL t @EAmoiel ILLUSTRATI­ON: GET IT STUDIO @get_it_studio

Il est facile d'imaginer un Russe, la chapka vissée sur la tête, en train de siroter un Moscow Mule au milieu de la place Rouge battue par le vent. Sauf que non. Car ce cocktail «trendissim­e» servi dans son traditionn­el gobelet en cuivre n'a absolument rien à voir ni avec Moscou, ni avec la Russie, ni même avec une mule.

Ses origines remontent en fait aux Etats-Unis. En 1939, John G. Martin achète pour 14 000 dollars à la marque Smirnoff le droit de commercial­iser sa vodka dans toute l'Amérique du Nord. Mauvaise affaire: au pays de l'Oncle Sam, l'alcool des Soviets est extrêmemen­t impopulair­e. Le négociant en spiritueux traîne alors son spleen au Cock‘n'Bull, célèbre bar de Los Angeles. Il y rencontre son propriétai­re qui, lui, tente en vain de faire consommer de la bière de gingembre à ses clients. La légende veut qu'un troisième homme, distribute­ur sans grand succès de gobelet en cuivre, soit également présent dans cette histoire. Après quelques heures et plusieurs verres, le trio trouve une solution à son problème en associant ses trois produits. C'est ainsi que le Moscow Mule voit le jour, sur la côte ouest des Etats-Unis en 1941.

Une boisson de terrasse

Retour à Genève, dans la très convoitée rue Henri-Blanvalet. C'est là que Bastien Bonnefoy fait la pluie et le beau temps derrière les bars du Indabar et du Kasbar. Avec sa barbe et ses tatouages, ce Parisien de naissance mixe, mélange, réinterprè­te les classiques et laisse aller sa créativité en fonction de ses envies et des saisons. «En général, le Moscow Mule n'apparaît sur une carte de cocktails, car il est déjà connu par une clientèle d'habitués. C'est plutôt une boisson de terrasse en période estivale», explique le mixologue pour qui le Moscow Mule rivalise aujourd'hui avec le gin tonic.

Au-delà des proportion­s classiques – deux centilitre­s de jus de citron, 4 cl et demi de vodka, deux splashs d'angostura, le tout complété par de la bière de gingembre – le bartender est «parti dans un délire» des années 1980 en imitant Tom Cruise dans le film Cocktail. Après avoir mis de gros cubes de glaces dans un verre tumbler, il verse 3 cl de citron, les traditionn­els 4 cl de vodka, une larme de curaçao bleu pour une couleur lagon et termine par la bière de gingembre. Pour le côté kitsch, il décore le tout avec un miniparaso­l en papier. L'intitulé de ce mélange? La tête de mule, forcément. ■

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Le site d’Edouard Amoiel, www.crazy-4-food.com ??
A déguster: Indabar, rue Henri-Blanvalet 23, 1207 Genève, tél. 022 736 27 46, www.inda-bar.com A consulter: Le site d’Edouard Amoiel, www.crazy-4-food.com

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