Apple échappe aux tensions commerciales
TECHNOLOGIE Porté par l’iPhone, le géant américain a réalisé des ventes record au dernier trimestre. Sa capitalisation boursière s’est encore rapprochée des 1000 milliards de dollars. Son directeur Tim Cook met en garde contre les conséquences de la guerr
Apple, fabricant d’iPhone et d’autres produits (iPad, ordinateurs, AirPod, Apple Watch) et fournisseur de services (Apple Store, Apple Pay, Apple Music, Apple TV) est à ce stade épargné par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine; il ne fait l’objet d’aucun droit de douane punitif. Résultat, au dernier trimestre, son chiffre d’affaires s’est révélé meilleur que prévu pour s’élever à 53,3 milliards de dollars – un record –, en hausse de 17% sur un an. Le bénéfice net a grimpé de 30% à 11,5 milliards de dollars.
Une performance qui a été immédiatement saluée par les investisseurs. Alors qu’elle avait souffert ces derniers jours, l’action a gagné plus de 9% en deux séances. A 968 milliards de dollars (961 milliards de francs), sa capitalisation boursière s’est rapprochée encore un peu plus des 1000 milliards de dollars. Une barre symbolique jamais atteinte, sauf par l’entreprise d’Etat chinoise PetroChina, qui avait brièvement franchi ce cap en 2007 lors de son introduction en bourse, mais dont la capitalisation avait aussitôt reculé.
Interdépendance Chine–Etats-Unis
Tim Cook, le grand patron de la firme à la pomme, s’est montré rassurant par rapport aux tensions sino-américaines, notant que ses produits, pour la plupart assemblés dans des usines chinoises, ne sont pas frappés de nouveaux tarifs douaniers. La crainte est qu’ils «apparaissent comme des taxes sur le consommateur et aboutissement à un ralentissement économique», a-t-il prévenu mardi soir lors de la présentation des résultats. Et d’ajouter: «Nous sommes optimistes sur le fait que cela se réglera. Les Etats-Unis et la Chine sont interdépendants. Ils ont intérêt à se rapprocher; l’un ne prospère que si l’autre prospère.» Selon lui, il est temps de «moderniser» les relations entre les deux géants économiques et commerciaux.
Les bons résultats d’Apple sont portés par l’iPhone, qui représente 56% du chiffre d’affaires du groupe. Celui-ci a bondi de 20% pour atteindre 30 milliards de dollars. Ce n’est toutefois pas le volume des ventes qui a été déterminant – 41,3 millions d’unités ont été écoulées – mais plutôt la stratégie du groupe d’augmenter le prix de ses smartphones. Le dernier de la famille, l’iPhone X, qui est aussi le plus vendu, coûte 999 dollars, soit 20% de plus que le modèle précédent. Le prochain est attendu en septembre. Selon des analystes, il coûtera 100 dollars de plus que l’iPhone X. Depuis son lancement en 2008, le smartphone d’Apple a toujours coûté au-dessus de 600 dollars l’unité ou de 600 francs en Suisse.
Pour Tim Cook, les utilisateurs sont prêts à payer davantage pour un produit haut de gamme et qui leur donne satisfaction sur le plan pratique. «Les consommateurs privilégient des smartphones encore plus haut de gamme, car ils dépendent de plus en plus de ces terminaux pour la majeure partie de leurs besoins informatiques», souligne un consultant du cabinet de recherche IDC dans Le Monde de mercredi.
Stratégie de prix élevés
Ainsi le géant américain génère davantage de recettes en renchérissant ses prix. En effet, les ventes d’iPhone n’ont augmenté que de 1% au dernier trimestre, mais les recettes de 20%. Selon un analyste cité par le Financial
Times de mercredi, le marché chinois est proche de la maturation, mais Apple est bien placé pour capter le marché de remplacement; les utilisateurs investiront dans des smartphones plus sophistiqués et plus performants.
Les bons résultats de l’iPhone sont aussi liés au marché chinois, qui encore l’an dernier était en déclin. De nombreux analystes avaient même prévu un retrait face à une concurrence nationale féroce. Finalement, la confiance de Tim Cook a payé. Il avait en effet misé sur la classe moyenne locale, en croissance. Depuis septembre dernier, le chiffre d’affaires du marché chinois a augmenté de 20% sur une année, à 9,5 milliards de dollars.
Les autres produits et services du géant américain ont également alimenté son chiffre d’affaires. Ils ont crû respectivement de 37% et 31% sur le trimestre, à 3,7 et 9,5 milliards de dollars. «Nous sommes bien placés pour atteindre notre objectif», s’est encore félicité Tim Cook mardi. Apple vise des recettes de 50 milliards en 2020.
Les résultats d’Apple se distinguent de ceux de son principal rival historique, le sud-coréen Samsung. Selon des chiffres publiés mardi, les ventes du Galaxy S9, le concurrent direct de l’iPhone, ont été plus faibles qu’attendues. Ce dernier souffre de la montée en puissance du chinois Huawei sur le marché mondial. A l’exception des EtatsUnis, où l’administration Trump le voit comme une menace à la sécurité nationale.