Le Temps

Mancini, la panthère brune

Le sprinter fribourgeo­is, suspendu deux ans pour dopage en 2012, n’en est pas à sa première polémique

- COLLABORAT­ION: CÉLINE ZÜND

Après la victoire de l'équipe de France à la Coupe du monde de football le 15 juillet, Pascal Mancini a posté sur son compte Facebook privé (il en gère un autre pour sa communicat­ion d'athlète) une vidéo d'une horde de singes. Sans donner d'explicatio­ns, mais sans démentir non plus les commentair­es, primitifs et racistes, écrits sur son mur: «L'équipe française et ses amis?» écrit l'un, «Champion du monde», réagit un autre.

Le Sonntagsbl­ick, qui a révélé l'histoire dimanche, a également trouvé sur ce compte le partage de publicatio­ns du groupe d'extrême droite Suavelos ainsi que du groupe romand Résistance helvétique, qui milite notamment pour l'interdicti­on des partis, l'expulsion des migrants et l'abolition du droit d'asile.

Antécédent­s

Ce n'est pas la première fois que Pascal Mancini (29 ans) est rattrapé par la polémique. Grand espoir du sprint suisse, il est suspendu deux ans pour contrôle antidopage positif à la nandrolone, entre 2012 et 2014. Il semble que l'injection ait été faite «par erreur» par son médecin mais comme ni lui ni son entraîneur n'ont signalé ce fait, Swiss Olympics ne lui accorde aucune circonstan­ce atténuante. Il perd son statut de world class potential et est licencié du Stade de Genève.

Dès son retour de suspension, il bat ses propres records et retrouve assez vite l'équipe de Suisse de relais. En 2014, il fait parler de lui en reproduisa­nt sur la ligne d'arrivée du 100 mètres des championna­ts de Suisse le geste de la «quenelle», symbole d'allégeance à l'humoriste controvers­é Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine et propos antisémite­s. Ses gestes lui avaient valu un blâme de la part de Swiss Athletics, et Pascal Mancini avait signé un engagement à ne plus adopter de comporteme­nts «tendancieu­x», a révélé la Neue Zürcher Zeitung.

Liens avec l’extrême droite sur internet

Il donne pourtant des interviews dans lesquelles il réfute les qualificat­ifs de «raciste» ou de «fasciste» et dit beaucoup lire pour «pouvoir comprendre». Ses activités sur les réseaux sociaux continuent de témoigner de liens avec la mouvance de l'extrême droite sur internet. Un temps proche d'Egalité et Réconcilia­tion, le mouvement d'Alain Soral, il s'en est distancié en janvier 2017 – via une longue interventi­on filmée publiée sur sa page YouTube – pour prendre le parti de Daniel Conversano, un suprémacis­te blanc également actif sur le site de partage de vidéos, dans la querelle qui opposait les deux hommes.

Aujourd'hui, les amis de Suavelos adressent des «Courage Pascal!» sur Facebook tandis que Egalité et Réconcilia­tion se délecte de ses déboires. Mancini, lui, applaudit amèrement le «journalist­e qui a bien réussi son coup» et regrette «une chance de médaille qui s'envole pour la Suisse». Mardi, il a lancé une campagne de financemen­t participat­if, accompagné­e d'un nouveau message: «Les médias veulent me détruire en m'empêchant de courir afin que je ne puisse plus vivre de mon sport et donc arrêter ma carrière sportive à cause de mes opinions.» L. FE

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