De l’âge des léopards et autres badinages caniculaires
C’est en vain que les éventails s’agitent. Il fait 32° et l’air est si lourd dans la cour de la Magistrale, où se déroule la cérémonie d’ouverture du Locarno Festival, qu’on le respire à la petite cuillère. Le ciel est ardoise et boursouflé, couvant des orages qui refusent d’éclater. L’ambiance est contrastée, entre sérénité et nostalgie.
L’an dernier, le festival fêtait son 70e anniversaire. Aujourd’hui, la tendance est de remonter le temps d’un demisiècle. Le syndic de Locarno, Alain Scherrer, rappelle qu’aux dissensions de l’époque a succédé une forme d’harmonie confédérale englobant la culture, l’économie et la politique. Le président du festival Marco Solari exprime sa gratitude pour l’engagement des investisseurs privés et publics et aux 6500 spectateurs qui ont applaudi Grease la veille sur la Piazza Grande.
Quant au président de la Confédération, il renonce à prononcer le discours du 1er Août que l’assemblée est en droit d’attendre, pour parler de… cirque. Plus précisément de ce cirque qui a perdu deux léopards âgés de 26 ans! Un record, car en liberté le félidé tacheté ne dépasse pas 15 ans. La maturité à 3 ans, l’AVS à 8. Eh bien, s’amuse Alain Berset, un spécimen fait mieux sur les bords du lac Majeur, puisqu’il a déjà atteint 50 ans. C’est en effet en 1968, au moment où l’on découvrait les plages sous les pavés, que le Léopard s’est substitué à la Voile d’or pour couronner les meilleurs cinéastes.
Cette 71e édition est la dernière que signe Carlo Chatrian. Le directeur artistique part au festival de Berlin. Il remercie les cinéastes et son équipe. Marco Solari met les points sur les «i»: contrairement aux rumeurs, il ne va pas sortir un remplaçant de sa manche. Le comité va s’atteler à ce travail et choisir parmi d’excellentes candidatures l’homme ou la femme doté(e) du courage artistique et civique que requiert le poste. Le buffet est ouvert, ruée sur l’eau minérale.