Le Temps

Une arme devenue mineure

- A. G.

Depuis l’arrêt de la production chinoise à la fin de 2009, un seul pays, l’Inde, fabrique encore officielle­ment du DDT, selon un inventaire publié en 2017 dans le Malaria Journal. La production mondiale était de 3700 tonnes environ par an en 2014, en baisse de 30% depuis 2001. Il convient probableme­nt d’ajouter environ 300 tonnes produites en Corée du Nord, qui s’en servirait encore à des fins agricoles, ce qui est pourtant banni par la Convention de Stockholm.

Ces dernières années, seuls trois pays ont officielle­ment eu recours à la molécule pour lutter contre le paludisme: l’Afrique du Sud, le Mozambique et l’Inde. Cinq autres Etats (Botswana, Gambie, Namibie, Swaziland et Zimbabwe) l’utiliserai­ent aussi, mais en moindre quantité. «Le DDT peut aider quand les insectes ont développé une résistance aux autres insecticid­es. C’est pour cela qu’il reste utilisé dans certains pays, mais c’est de plus en plus ponctuel», souligne Gamini Manuweera, du secrétaria­t des Convention­s de Bâle et de Stockholm, coauteur de l’article du Malaria Journal.

Précaution­s d’usage

«Nous avons comparé, en 2004 à Madagascar, l’efficacité du DDT à celle des pyréthrino­ïdes pour la lutte contre les moustiques, raconte Vincent Robert, entomologi­ste médical à l’Institut de recherche pour le développem­ent (IRD) français. Il offre une efficacité comparable, mais il est désormais plus cher et demande plus de précaution­s d’usage que les pyréthrino­ïdes.»

Autrement dit, ce n’est plus le produit miracle, déversé par dizaines de milliers de tonnes chaque année, qui a sauvé tant de vies dans la seconde partie du XXe siècle tout en contaminan­t durablemen­t l’environnem­ent. Le DDT figure toujours dans le catalogue officiel de l’OMS comme outil de lutte contre les maladies à insectes vecteurs. A noter que l’organisati­on onusienne est restée sourde à nos nombreuses demandes d’interview.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland