Le Temps

La Liga reprend ce weekend, avec l’Atlético Madrid en grand favori

Longtemps confiné dans l’ombre du Real Madrid et du Barça, le club dirigé par Diego Simeone possède les armes pour rééditer son exploit de 2014 et s’adjuger le onzième Championna­t d’Espagne de son histoire

- FLORENT TORCHUT, BARCELONE @FlorentTor­chut

Il y aurait de quoi avoir jeté l'éponge depuis longtemps avec un voisin aussi vorace. Le Real Madrid rafle tous les titres ou presque depuis plus de soixante ans, sur la scène nationale comme continenta­le, a été élu meilleur club du XXe siècle et détient les trois dernières Ligues des champions. Mais l'Atlético Madrid n'est pas fait de ce bois-là. La Liga reprend ses droits ce week-end et jamais davantage que cette saison les Colchonero­s n'ont semblé armés pour devenir champions d'Espagne.

Vêtu de noir de la tête aux pieds, Diego Simeone incarne à merveille l'abnégation à toute épreuve de ses hommes, leur refus épidermiqu­e de la défaite et de l'ordre établi, jusque dans son regard possédé et dans sa gestuelle contagieus­e. Ancien joueur de la maison (1994-1997, puis 20032005), l'entraîneur argentin a remporté la Ligue Europa en mai 2012, six mois à peine après son arrivée sur le banc, et fait remonter l'équipe de cinq places lors de la phase retour de la Liga cette saison-là (du dixième au cinquième rang). Avec lui sur le banc, les Madrilènes ont ensuite toujours fini sur le podium national: champions en 2014 pour la première fois depuis dix-huit ans, ils ont été troisièmes en 2013, 2015, 2016 et 2017 et deuxièmes l'an dernier.

Parés au combat

Des champions de 2014 subsistent – en plus du milieu de terrain Koke – Juanfran, Filipe Luis et Diego Godin, ses plus fidèles soldats, qui constituen­t encore aujourd'hui la base de sa défense. A l'époque, Lucas Hernandez et Jose Maria Gimenez commencent déjà à pointer le bout de leur nez. A respective­ment 22 et 23 ans, le Français et l'Uruguayen possèdent une formidable expérience (près de 150 matchs en pro à eux deux), ainsi qu'un engagement et une roublardis­e digne de leur coach, qui les font passer pour de vieux briscards. Régulièrem­ent associés à Diego Godin, les deux jeunes hommes font d'ores et déjà partie des défenseurs les plus redoutés d'Europe.

En s'appuyant sur ces combattant­s intrépides, mais aussi sur le Monténégri­n Stefan Savic et sur Jan Oblak, l'un des meilleurs gardiens du monde, le «Cholo» a bâti une machine de guerre, rarement prise au dépourvu, toujours prompte à sauter à la gorge de son adversaire, comme ce fut le cas face à l'Olympique de Marseille en finale de la dernière Ligue Europa (3-0). Le groupe façonné par Diego Simeone s'apparente à une meute de loups affamés où chacun des membres est disposé à se sacrifier pour son prochain.

Une fois de plus, les Colchonero­s ont pourtant dû repousser les offensives de leurs rivaux sur le marché des transferts cet été afin de conserver leurs meilleurs éléments. Le club de la capitale espagnole s'est même renforcé dans chaque ligne, en recrutant le portier Antonio Adan, le latéral droit colombien Santiago Arias, le jeune relayeur espagnol Rodrigo Hernandez, les milieux offensifs Gelson Martins et Thomas Lemar (acheté 72 millions d'euros à l'AS Monaco), et enfin l'attaquant croate Nikola Kalinic.

Si les icônes Fernando Torres et Gabi ont quitté le navire pour des destinatio­ns exotiques (Japon pour le premier, Qatar pour le second), la base de titulaires devrait toutefois ressembler à celle de l'an dernier, ce qui évitera ainsi une phase de rodage qui s'avère forcément fatale lorsque, en face, se trouvent le Real Madrid et le Barça.

Palette offensive élargie

Courtisé par les Blaugrana, Antoine Griezmann a finalement décidé de poursuivre l'aventure à Madrid, convaincu par l'ambition débordante de son entraîneur et de Diego Godin, son capitaine et parrain de sa fille unique, avec qui il partage le maté (infusion typiquemen­t sud-américaine) et des asados (grands barbecues) familiaux. Après une fin d'année 2017 difficile, l'attaquant français a retrouvé des couleurs au côté de Diego Costa (qui n'a pu jouer qu'à partir de janvier, l'Atlético ayant écopé d'une sanction de la FIFA), autour duquel il se régale à faire des appels et à décrocher.

Champion du monde il y a un mois, Griezmann (27 ans) a une occasion rêvée de se faire une place parmi le gratin mondial en marquant la Liga de son empreinte et d'ainsi surpasser sa troisième place au Ballon d'or France Football obtenue en 2016.

Pour l'accompagne­r dans sa quête personnell­e et collective, l'Atlético a recruté des joueurs offrant diverses options offensives. Son ami Thomas Lemar sera chargé d'animer les ailes et de pourvoyer en ballons ses attaquants. Avec son petit gabarit explosif (1,73 m), le Portugais Gelson Martins l'aidera à dynamiter les défenses regroupées. Nikola Kalinic, un neuf à l'ancienne qui ne se régale jamais autant que lorsqu'il doit évoluer dos au but, constituer­a un autre allié de poids pour Griezmann dans la surface de réparation. Le prodige Rodrigo devrait quant à lui faire des ravages grâce à sa capacité à casser les lignes adverses.

Corriger le manque d’efficacité

Tous contribuer­ont à corriger une anomalie: l'an dernier, malgré leur deuxième place, les hommes de Simeone ne disposaien­t que de la septième attaque de Liga (58 buts marqués), loin derrière le Barça (99) et le Real (94). Si l'on ajoute à leurs séduisante­s recrues le tank Diego Costa, la flèche Angel Correa, le funambule Saul et le bulldozer Vitolo, les Colchonero­s sont équipés comme jamais aux avantposte­s pour conquérir ce que l'on appelle en Espagne «la compétitio­n de la régularité».

 ?? (JUAN MEDINA/REUTERS) ?? Diego Simeone. Depuis l’arrivée de l’entraîneur argentin, l’Atlético Madrid joue les premiers rôles dans le championna­t espagnol.
(JUAN MEDINA/REUTERS) Diego Simeone. Depuis l’arrivée de l’entraîneur argentin, l’Atlético Madrid joue les premiers rôles dans le championna­t espagnol.

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