Les leçons de l’affaire financière zurichoise de l’été
Au coeur de l’été, une affaire secoue la place financière zurichoise. Elle concerne le plus grand gérant d’actifs indépendant de Suisse, GAM. Ce dernier a suspendu l’un de ses responsables stars, pour des raisons qui restent encore brumeuses. Ou plutôt les motifs invoqués peinent à expliquer des mesures aussi radicales. La décision a conduit une partie des investisseurs à vouloir retirer leurs placements. GAM, en réaction, a bloqué les fonds, provoquant une chute de son action.
Près de deux semaines se sont écoulées depuis l’événement et malgré plusieurs lettres aux investisseurs et communiqués censés rassurer, le mystère n’en est pas moins épais. On pourrait penser à un épiphénomène du monde financier, et attendre sagement les résultats de l’investigation en cours dans la société, installée dans la Prime Tower de Zurich et à Londres.
Pourtant, cet incident est symptomatique du secteur. Car il n’y a pas que la communication de GAM qui est partielle (ou déficiente). L’univers dans lequel évoluait son gérant, celui des hedge funds – des fonds alternatifs censés offrir une rentabilité élevée –, est aussi connu pour son opacité. Il offre des rendements plus hauts que les fonds traditionnels, en échange d’un plus grand secret sur la cuisine interne du gérant.
Dans le cas de Tim Haywood, le protagoniste suspendu, il s’agissait de stratégies dites absolute return, supposées offrir du rendement quel que soit l’état des marchés financiers. Il se concentrait sur les taux à revenu fixe, c’est-à-dire entre autres les obligations. Difficile d’en savoir plus. Et c’est bien le problème: dans ce domaine, les clients sont contraints d’investir un peu à l’aveugle, en fonction de la confiance qu’ils accordent à un gérant et à son équipe. Or on sait aussi que ces fonds peuvent parfois abriter des fraudes. Même si rien n’indique que ce soit le cas ici. GAM défend d’ailleurs l’honnêteté de son employé, même après l’avoir suspendu.
Personne ne forçait les investisseurs à s’intéresser à ces fonds. Il ne s’agissait d’ailleurs pas de petits investisseurs privés, mais plutôt d’institutionnels qui connaissent les avantages et désavantages des hedge funds. Mais ils répondaient à une tendance affectant le monde financier: la difficulté de trouver des rendements et le recours à des investissements de plus en plus compliqués, voire aventureux, pour atteindre leurs objectifs. Pour le gérant, cela a pu se traduire par des placements dans des produits exotiques ou peu liquides, ce qui signifie qu’il est difficile de trouver un acheteur rapidement en cas de problème.
Cette question n’est pas circonscrite aux hedge funds. Les difficultés à trouver des investissements rémunérateurs sans se lancer dans des placements trop risqués ou de mauvaise qualité existent depuis plusieurs années. L’affaire GAM est-elle un premier signal d’une crise plus grave à venir? C’est possible. En tout cas, c’est un risque à surveiller, bien au-delà du gérant zurichois.
Les hedge funds, un univers connu pour son opacité