Le Temps

La dame d’Epi, légende suisse du Pacifique

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Ouvert face à la baie, le grand marché d’artisanat et de produits locaux de Port-Vila ne porte guère la trace de la francophon­ie du Vanuatu. Pour cause de tourisme australien et néo-zélandais massif, et de présence chinoise croissante dans cet archipel du Pacifique, étiquettes et brochures y sont, soit en anglais, soit en mandarin. Difficile, pourtant, d’échapper au français dès les premiers échanges.

Derrière le stand d’Espirito Santo, la grande île du nord majoritair­ement francophon­e, Suzanne opte néanmoins d’emblée pour un «bonjour». En juin 1980, plusieurs clans d’Espirito Santo s’opposèrent en vain à l’indépendan­ce pour demander leur rattacheme­nt à la France, sur le modèle de la Nouvelle-Calédonie voisine. La rébellion fut matée militairem­ent. «Mon grand-père s’est retrouvé en prison parce qu’il défendait notre identité et notre langue française», poursuit la jeune femme.

La présence du français au Vanuatu y repose aujourd’hui largement sur les épaules d’un homme: le directeur de l’Alliance française de Port-Vila, Georges Cumbo. Installé depuis plus de vingt ans sur place, désormais citoyen du pays, il est aussi éditeur, enseignant, défenseur multicarte de la troisième langue officielle de l’archipel, après l’anglais et le bichlamar, la langue nationale parlée aux côtés des 80 dialectes des tribus insulaires.

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