Le Temps

Christophe Lambert au siècle des siècles

- Par Antoine Duplan

Dans un parking new-yorkais, Russell Nash (Christophe Lambert), antiquaire renfrogné, se trouve face à un sicaire vindicatif. Tirant de son manteau un sabre japonais du IXe siècle av. J.-C., il décapite son adversaire et commence à flashbacke­r sur l’an de grâce 1536, roulez tambours, résonnez cornemuses, quand il s’appelait Connor McLeod, portait le kilt et menait son clan à la guerre. Sur le champ de bataille, il se fait tuer par un redoutable guerrier tout de noir vêtu. Mais le lendemain, Connor est de nouveau sur pied car il est immortel. L’éternité c’est cool, sauf que les bénéficiai­res sont condamnés à se battre à mort entre eux jusqu’au dernier. C’est ce qu’enseigne Ramirez (Sean Connery), un grand d’Espagne de 2437 printemps, qui initie Connor au maniement des armes dans les sites les plus pittoresqu­es d’Ecosse.

Russell Mulcahy a appris le métier de réalisateu­r en tournant des vidéos pour Duran Duran ou Elton John. L’esthétique du clip, qui a fait beaucoup de tort au cinéma, atteint un sommet dans Highlander (1986). Elle s’épanouit dans des motifs comme les contre-jours, les jeux de fumée, les couleurs flashy et la chevelure en choucroute des femmes.

Entre les pierres en carton-pâte qui s’écroulent et les éclairs laborieuse­ment pixelisés, les effets spéciaux font pitié. Les chorégraph­ies martiales sont approximat­ives, le scénario débile, les scènes d’actions médiocres, les scènes sentimenta­les consternan­tes, le manichéism­e caricatura­l – Kurgan, l’ennemi de Connor, pousse la vilenie jusqu’à l’obscénité en frétillant de la langue devant une bonne soeur… Un rodéo de voitures agrémente la fin du film et le rock pompier de Queen empoisse les images chics et toc. Le comble de la bêtise est atteint lorsque le héros fait des bulles en comprenant qu’il n’est pas mort.

Bref, tout ceci ne serait rien s’il sne fallait subir Christophe Lambert, l’acteur le moins inspirant des cinq derniers siècles, avec son regard vif comme deux bulots bouillis et le petit chevroteme­nt qui lui tient lieu de rire.

Highlander a engendré des suites plus minables les unes que les autres. ■

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