L’embellie menace
A priori, le cycliste peut se réjouir de découvrir la ville horlogère et bilingue: avec un premier concept pour les deux-roues adopté en 1986 déjà, puis un véritable programme en 1998, suivi, en 2005, d’un prix de l’association Pro Velo Suisse pour «ses infrastructures de stationnement attractives», la cité et ses près de 56 000 habitants font partie des pionniers, en Suisse, de la mobilité douce. Mais entre l’image d’Epinal et la réalité, il y a encore une marge.
Parkings à vélos suroccupés
Comme en de si nombreuses villes de Suisse, les parkings de la gare, déjà, débordent. Sur la place qui mène depuis la gare au lac, Matthias Rutishauser, directeur de Pro Velo pour la région, contrôle la stabilité de l’infrastructure à deux étages pour les vélos. «La ville a promis une amélioration, car ce n’était pas stable du tout», explique-t-il, pas encore convaincu du résultat.
Les places de stationnement pour deux-roues sont de toute façon un thème brûlant: l’été prochain, l’artiste Thomas Hirschhorn installera une sculpture en hommage à l’écrivain Robert Walser devant la gare. Les deux carrés réservés aux deux-roues disparaîtront. Un emplacement de rechange a toutefois été trouvé. Mais le stationnement n’est de loin pas le seul problème des cyclistes à Bienne, selon le directeur de Pro Velo. «Il y a eu de nombreuses mesures pour accompagner l’ouverture, en octobre 2017, du contournement à l’est, qui a permis de diminuer, mais pas d’éliminer, le trafic de transit du centre-ville. A certains endroits, les cyclistes constatent une amélioration, c’est vrai, par exemple des feux tenant compte du temps de passage des deuxroues, mais pas partout.» Ainsi, pratiquement aucun tronçon n’est continu. «C’est du rafistolage, dit notre guide, même sur les axes principaux.» Et sur les pistes d’une certaine longueur, des feux stoppent la progression. Le long du faubourg du Lac, sorte de boulevard avec chemin piéton séparé, des cyclistes ont été récemment amendés. «Nous ne savions pas que c’était interdit d’y rouler», note Matthias Rutishauser.
Carrefours dangereux
Plus embêtant: certains carrefours se révèlent particulièrement dangereux, avec des axes de trafic motorisé partant dans quatre directions. «Je connais de nombreux parents qui ne laissent pas leurs enfants passer par là», dit encore le directeur de Pro Velo. Nous testons la place de la Croix, entre autres: effectivement, il vaut mieux être attentif. Une belle carte, Veloguide Bienne, énumère pourtant de nombreuses «améliorations pour le vélo»: mais tout en bas, on peut y lire que nombre de ces mesures sont prévues d’ici à… 2022. D’ici là, la décision sur le contournement ouest, débattu actuellement, aura aussi des incidences sur les futurs aménagements cyclistes. Le directeur de Pro Velo y croit: «Nous avons tout pour être une ville cyclable prioritaire, mais il faut du courage politique.»
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