Le Temps

Le PLR serre les rangs autour de son ministre

Au coeur de la crise politique qui secoue la République, le parti bourgeois prône l’apaisement, en attendant la levée de l’immunité tant réclamée

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Après s'être muré dans le silence, le PLR fait bloc autour de son magistrat Pierre Maudet, dans la tourmente après les révélation­s du Ministère public genevois sur le très controvers­é voyage à Abu Dhabi. Un soutien avant tout formel, loin de représente­r une complète absolution. Selon Radio Lac, l'intéressé a envoyé un email à l'ensemble de la députation libérale-radicale en appelant à l'unité.

Au coeur de la crise politique qui secoue la République, le président de la section genevoise du PLR tente de maintenir le cap. Alors que les critiques fusent de tous bords, Alexandre de Senarclens prône l'apaisement et martèle le «principe fondamenta­l de la présomptio­n d'innocence auquel Pierre Maudet a droit, au même titre que n'importe quel autre prévenu».

«On ne juge pas quelqu’un dans les médias» ALEXANDRE DE SENARCLENS, PRÉSIDENT DU PLR GENÈVE

Il commence par relativise­r le silence initial du parti: «Nous voulions simplement faire le point avec Pierre Maudet, éviter de réagir dans l'urgence.» Aujourd'hui, la stratégie semble bien rodée et le «parti est en ordre de bataille». Pour Alexandre de Senarclens, la priorité est désormais la levée de l'immunité: «La justice doit pouvoir avancer, Pierre Maudet être entendu et faire valoir son innocence.»

«Cirque politique»

A ce propos, le président déplore le «tribunal médiatique» en place actuelleme­nt. «On ne juge pas quelqu'un dans les médias, il est essentiel que les institutio­ns soient respectées, que chacun reste à sa place dans sa fonction.» Peut-on parler d'acharnemen­t? Alexandre de Senarclens ne va pas jusque-là. «Face à une affaire hautement politique, chacun essaie de se positionne­r, estime-t-il. Ce cirque politique est finalement assez attendu, cela fait partie du jeu.»

«L’essentiel est sauf»

Au cours de son ascension politique, Pierre Maudet a toujours fait preuve d'intransige­ance face aux dérapages de toutes sortes. Pour une partie de la classe politique genevoise, la procédure pénale occasionne­ra un dégât d'image durable pour le parti, quelle qu'en soit l'issue. Tout comme Alexandre de Senarclens, Christian Lüscher reste optimiste. «Pierre Maudet dispose d'une personnali­té très forte qui va au-delà de son appartenan­ce au PLR, estime le conseiller national et vice-président du PLR suisse. L'infraction qui lui est reprochée touche son comporteme­nt personnel, pas ses orientatio­ns politiques.»

L'affaire genevoise fait toutefois écho jusqu'à Berne. A l'été 2017, Pierre Maudet était candidat au Conseil fédéral, a-t-il caché des faits à la commission chargée de l'auditionne­r? «Il n'avait pas connaissan­ce, à ce moment-là, de la procédure pénale ouverte contre lui, il ne l'a appris qu'en novembre 2017, affirme Christian Lüscher, qui dit disposer de preuves écrites et incontesta­bles. Vu de Berne, l'essentiel est sauf pour le PLR.»

Au détour des conversati­ons, un douloureux précédent revient de manière lancinante. En 2012, le conseiller d'Etat Mark Muller avait dû démissionn­er après avoir été impliqué dans une bagarre nocturne le soir du Nouvel An. Une issue similaire est-elle à craindre pour Pierre Maudet? «Impossible de comparer deux affaires aussi différente­s, estime Alexandre de Senarclens. D'autant que celle de Pierre Maudet n'est pas encore écrite.» Tout dépendra selon lui de l'attitude du Conseil d'Etat: «Les magistrats vont-ils démontrer qu'ils sont capables de travailler comme une équipe?»

Reste une question à laquelle Alexandre de Senarclens se dit incapable de répondre à ce stade «sans connaître l'intégralit­é du dossier»: Pierre Maudet gardera-t-il la confiance du parti? A cette même interrogat­ion, un élu PLR confie son désarroi: «Je n'ai aucune raison de croire la version d'Olivier Jornot plus que celle de Pierre Maudet. Je suis perplexe.»

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