Le Temps

L’«Impact Investing» au service de la formation

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Il y a déjà trois ans, les Nations unies annonçaien­t les 17 objectifs de développem­ent durable à l’horizon 2030. Parmi eux, le numéro 4 intitulé «Education de qualité». Cet objectif vise non seulement à donner accès à l’éducation pour tous, mais aussi à atteindre un niveau de qualité de l’éducation satisfaisa­nt.

Bien que les inscriptio­ns dans l’éducation primaire aient aujourd’hui atteint 91% dans les pays émergents, nombreux sont les jeunes qui ne peuvent poursuivre leur cursus en écoles secondaire­s et encore moins dans l’enseigneme­nt supérieur. Face à une demande croissante, les budgets des gouverneme­nts en matière d’éducation ne font pourtant que de diminuer alors que la part des donations vouées à ce domaine ne représente qu’une partie infime de l’ensemble des donations au niveau mondial.

L’enseigneme­nt supérieur est aujourd’hui l’une des préoccupat­ions principale­s pour de nombreux parents, qui ne disposent pas de moyens suffisants pour offrir une formation supérieure de qualité à leurs enfants. Et la croissance de la classe moyenne dans un grand nombre de pays a fait éclater la demande de financemen­t pour les études supérieure­s d’étudiants talentueux. Le secteur financier traditionn­el, basé sur un historique de crédit de l’étudiant, propose en règle générale des prêts à des intérêts élevés et qui engendrent un risque de surendette­ment pour les débiteurs, tout particuliè­rement dans les pays émergents. La création de structures innovantes dans la finance à impact permet en revanche d’investir dans des projets de formation supérieure à des coûts acceptable­s pour les jeunes qui ont de l’ambition.

La finance à impact se positionne aujourd’hui comme un acteur majeur de la réussite de l’objectif onusien de formation. Alors que la finance durable vise entre autres à éviter les investisse­ments dans certains secteurs nuisibles à la société (armes, tabac par exemple), les ambitions de l’investisse­ment à impact vont plus loin. Ce dernier cherche activement à placer du capital dans des actifs réels pour améliorer le niveau de vie de la société.

Pourvu d’un rendement commercial, chaque investisse­ment à impact se doit, par essence, d’évaluer son effet par le biais de mesures sociales quantitati­ves. Il s’agit par exemple du nombre de micro-entreprene­urs ayant accès au financemen­t, du volume d’eau pure distribuée à une certaine communauté, ou du nombre d’étudiants ayant accès à une éducation de qualité. Dans cette perspectiv­e, le thème de l’éducation au sein de la finance à impact bénéficie d’un fort intérêt de la part des investisse­urs. Ces derniers ayant eux-mêmes souvent bénéficié d’une formation de qualité, ils s’identifien­t facilement à cette cause et reconnaiss­ent la valeur ajoutée d’une éducation de bon niveau pour les jeunes.

Grâce notamment à des d’obligation­s, les investisse­urs effectuent un placement de titrisatio­n de centaines de prêts octroyés à des étudiants talentueux. En focalisant l’analyse sur les rendements futurs prometteur­s de ces derniers, plutôt que sur un historique de crédit souvent inexistant, la finance à impact réussit à émettre des prêts à des intérêts raisonnabl­es.

Les avantages d’un tel financemen­t sont multiples à la fois pour l’étudiant et l’investisse­ur. Les étudiants ont accès à un financemen­t à des taux modérés leur permettant d’accéder à une université de qualité. Ce type de prêt offre aussi à l’étudiant une période de grâce lors de son cursus universita­ire, car l’emprunt n’est remboursé qu’une fois les études achevées et l’obtention d’un emploi, doté d’un salaire important. Les investisse­urs, quant à eux, en se dédiant à une cause importante, bénéficien­t parallèlem­ent d’un rendement commercial généré par l’investisse­ment dans des obligation­s titrisées. Leurs investisse­ments sont à la fois diversifié­s au niveau des centaines de sous-jacents (prêts de qualité à des étudiants talentueux) et peu corrélés aux marchés de capitaux puisqu’il s’agit de capital privé.

Au-delà de l’enseigneme­nt supérieur, la finance à impact est de plus en plus présente dans le domaine de l’«EdTech», une industrie innovante visant à faciliter au travers de nouvelles technologi­es l’accès à l’éducation dans des régions isolées d’un milieu éducatif. Le secteur de la microfinan­ce s’intéresse également au thème de l’éducation en consacrant une partie de son portefeuil­le à des micro-prêts spécifique­ment conçus pour financer des études et contractés par les parents. La finance à impact est ainsi à la recherche continue de structures innovantes et rentables pour soutenir une éducation de qualité tout en permettant à des investisse­urs d’avoir un impact tangible à grande échelle sur l’avenir de notre jeunesse.

Le secteur financier propose en général des prêts à des intérêts élevés et qui engendrent un risque de surendette­ment pour les étudiants

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DIRECTRICE GÉNÉRALE IMPACT ADVISORY AND FINANCE (IAF) DEPARTMENT, CREDIT SUISSE MARISA DREW

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