Le Temps

L’Angleterre n’est plus la référence

- LAURENT FAVRE t@LaurentFav­re

Si la manière sud-américaine de vivre le football séduit autant, c’est parce que, nulle part ailleurs, ce sport ne semble être vécu avec autant de liberté et d’intensité. A la Coupe du monde, les nations d’Amérique latine, Argentine, Pérou, Colombie et même Panama, ont de très loin remporté le match des supporters. L’émergence de rites latinos dans les vestiaires témoigne d’un lent bouleverse­ment sur les trente dernières années: l’Angleterre n’est plus la référence de la culture foot. La Premier League est trop aseptisée, trop mondialisé­e, trop américanis­ée. Un match à Anfield fait moins rêver que le derby de Rosario. On reprend dans les stades des chants venus de Montevideo, on traduit sur les réseaux des expression­s («le football est un sentiment») entendues à Buenos Aires.

Aujourd’hui, le fighting spirit fait pâle figure à côté de la garra charrua uruguayenn­e. Et sur les bancs de touche, ce sont encore des hispanopho­nes qui incarnent des absolus: Pep Guardiola et Diego Simeone sont deux pôles opposés dotés d’une même force d’attraction. Marcelo Bielsa aimante quelque part entre les deux.

Au Lausanne-Sport, Fabio Celestini avait fait installer une bâche contre le grillage du terrain d’entraîneme­nt. On pouvait y lire (en espagnol) une célèbre citation de Luis Aragones: «Ganar y ganar y ganar y ganar y ganar y ganar y volver a ganar: eso es el futbol» («Gagner, gagner […] et encore gagner: c’est ça le football»). L’inscriptio­n est toujours là, mais Celestini est parti. Il rêve d’entraîner le Panama.

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