Le CEPV aux fourneaux
L’école de photographie de Vevey publie son livre de recettes. Savoureux et iconoclaste
Prenez les recettes favorites d’une trentaine de photographes et professeurs au Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV). Ajoutez-y les images des élèves en formation supérieure de photographie. Remuez jusqu’à obtenir un mélange non lisse. Saupoudrez de textes de Salomé Kiner. Vous obtenez Brutti ma buoni, un livre et une exposition mitonnés par le CEPV pour l’édition 2018 du festival Images. A déguster avec un bon verre de rouge.
«Brutti ma buoni», «c’est moche mais c’est bon», c’est aussi le nom d’un biscuit du nord de l’Italie aux allures de motte de terre. Un titre pied de nez pour un projet ambitieux. «La formation supérieure en photographie repose sur des enseignements dispensés par des photographes suisses mais aussi d’ailleurs en Europe ou de plus loin encore. Lors des repas que nous partageons, le sujet de la nourriture est très souvent abordé. C’est à la fois un langage commun et des références spécifiques à chaque culture. Ce brassage nous a donné l’envie de créer notre propre livre de recettes», détaille Nicolas Savary. Le responsable du cursus rappelle que la photographie culinaire, issue d’une longue tradition, est en pleine effervescence créative, liée au boom des livres de cuisine.
Valérie Belin, Eric Nehr, Anne Golaz, Yann Gross ou Hellen van Meene ont confié en différentes langues une recette qui leur était chère, exercice difficile tant le sujet est émotionnel, souvent rattaché aux êtres aimés. Loin d’être véganes et fourchette verte, les plats évoquent plutôt la cuisine de grand-mère: lasagnes, Wiener Schnitzel, poires Belle-Hélène. Guillaume Herbaut, lui, partage un savoureux «rôti du camionneur ukrainien dans son sac plastique (sans four ni micro-onde)».
Vingt-cinq élèves ont fabriqué des images à partir de cela, au cours de six ateliers dédiés. Couleur, noir et blanc, esthétique crue ou onirique, ultra-contemporaine ou plus classique: chacun a trouvé sa grammaire mais aucune n’illustre littéralement un plat. Nous sommes loin, évidemment, d’un livre de recettes traditionnel. Ici, c’est un artichaut qui semble marcher sur la pointe des pieds; là, une sirène revisitée ou une table en feu.
Pour le livre, l’auteure et journaliste Salomé Kiner, collaboratrice du Temps, a imaginé des récits courts et mordants. L’exposition, elle, présente une sélection de tirages dans une scénographie rappelant les espaces et les matériaux d’une cuisine. Bello e buoni.n
«Brutti ma buoni», exposition au CEPV dans le cadre du festival Images, du 8 (vernissage dès 14h) au 30 septembre 2018. Livre de 240 pages édité par l’école. Projet coordonné par Myriam Ziehli. Banquet le vendredi 21 septembre de 18h à 22h.