«THOR M’A PERMIS DE M’IMPOSER»
Recontre avec l’acteur australien Chris Hemsworth, de passage à La Chaux-de-Fonds pour visiter une manufacture horlogère à laquelle il prête son image.
«J’essaie pour chaque film de donner tout ce que j’ai»
Rencontre avec l’acteur australien, venu visiter à La Chaux-de-Fonds la manufacture TAG Heuer, une marque dont il est ambassadeur
◗ Avant de devenir Thor en 2011, il n’avait que trois films à son actif, dont le Star Trek de J. J. Abrams en guise de première apparition au cinéma. Alors que sortira l’année prochaine la suite d’Avengers: Infinity War, Chris Hemsworth a fait du dieu asgardien créé au début des années 1960 par Stan Lee et Jack Kirby l’un des superhéros les plus intéressants de l’univers Marvel, aux côtés d’Iron Man ou des Gardiens de la Galaxie, tenants comme lui d’un humour décalé contribuant à la domination artistique des studios sur leur concurrent direct, DC Comics.
Profitant d’un jour de congé sur le tournage londonien de MIB, spin-off de la trilogie Men in
Black, l’Australien de 35 ans est venu à La Chaux-de-Fonds visiter la manufacture TAG Heuer, une marque dont il est depuis trois ans ambassadeur. Alors, qu’est-ce qui est le plus solide, le marteau de Thor ou une montre suisse? «Sur le plateau, on a déjà brisé plusieurs marteaux, alors que jusqu’à présent, je n’ai cassé aucune montre, rigole-t-il. Mais j’ai pu constater que les montres subissent plus de tests…» Rencontre express avec un des acteurs les mieux payés du monde.
Lorsque les studios Marvel vous ont proposé le rôle récurrent de Thor, avez-vous hésité, par peur d’être à tout jamais associé à ce superhéros? Ou était-ce là, au contraire, une opportunité qui ne se refuse pas? Il s’agissait en effet d’une proposition que je ne pouvais pas refuser. A ce moment de ma carrière, ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’autres options… Lorsque j’ai vu le contrat, un deal qui portait sur six films, j’ai eu une conversation avec mon agent sur cette implication à long terme, mais au final la décision fut facile à prendre. Il fut un temps où il y avait quelque chose de négatif, voire de cynique, à l’idée de prendre part à une franchise et d’être enfermé dans un rôle, mais cela a disparu. Il est devenu tellement difficile d’attirer les gens dans les cinémas que si vous possédez une marque reconnaissable, une franchise, tous les acteurs veulent en faire partie. C’était pour moi une opportunité extrêmement positive, qui me permettait en outre de véritablement m’imposer dans l’industrie.
Vous évoquez un contrat de six films, ce qui veut dire que la deuxième partie d’«Avengers: Infinity War», annoncé pour le printemps prochain, sera votre dernier film Marvel. Thor va donc mourir? Je ne peux pas vous le dire, forcément… C’était une question insidieuse, n’est-ce pas? A la fin du tournage, il y avait en tout cas beaucoup d’émotion, car nous savions que c’était potentiellement la dernière fois que nous tournions tous ensemble. L’aventure Avengers a démarré il y a sept ans, et nous sommes vraiment devenus comme une grande famille, nous avons traversé tellement de choses; ça a lancé la carrière de beaucoup d’entre nous. Quand je regarde en arrière, je me dis que cette expérience a été aussi intéressante qu’amusante.
Le personnage de Thor est apparu dans un film réalisé en 2011 par le Britannique Kenneth Branagh, un acteur et réalisateur shakespearien. A l’opposé, le troisième long métrage avec le dieu nordique en vedette, «Ragnarok», voyait le cinéaste néo-zélandais Taika Waititi miser l’an dernier sur un humour décalé et très second degré. Le personnage a beaucoup évolué…
Oui, et pour moi, c’est ce qui m’a permis de ne pas me sentir piégé dans un rôle, ni de me répéter. J’ai interprété Thor avec des réalisateurs différents, avec des partenaires différents, d’où de continuelles nouvelles idées et inspirations. Le dernier film a été le plus grand changement de direction pour le personnage; nous voulions vraiment, avec Taika, créer quelque chose d’unique. Et il se trouve que nous avons le même sens de l’humour.
Etiez-vous un lecteur de comics avant de devenir Thor?
Non, je n’en avais même jamais lu. J’avais simplement entendu parler de ce personnage mais n’en connaissais aucun détail. Kenneth Branagh m’a alors donné une grosse pile de bandes dessinées afin que j’en tire quelques éléments, et assez rapidement j’ai compris le personnage; mais pour moi, la bible, c’était vraiment le script, et je voulais y rester fidèle. Je voulais raconter une histoire avant tout émotionnelle, qui parle de choses qui nous sont familières dans la vie de tous les jours, comme une relation père-fils ou une rivalité entre frères.
Vous avez interprété dans «Rush» (2013) un autre genre de héros: le pilote automobile James Hunt. Est-ce très différent de jouer un personnage ayant existé, ou finalement un rôle reste un rôle?
L’approche est la même, dans le sens où l’essentiel est d’abord de livrer une bonne performance, vu que c’est mon travail. Il y avait par contre une plus grande pression émotionnelle car je voulais être fidèle à ce que James Hunt était pour sa famille, je voulais représenter un homme vrai, qui était un héros pour beaucoup de personnes. Ce qui était agréable, c’est que j’avais par contre des gens à qui parler, et des images à visionner; j’avais plus d’éléments pour jouer toutes les nuances du personnage. Mais j’essaie pour chaque film de donner tout ce que j’ai.
C’est d’abord la richesse du personnage qu’on vous propose qui vous pousse à accepter un rôle?
Ça varie, car mon humeur change souvent, comme mes centres d’intérêt. Et ça dépend aussi souvent du dernier film que j’ai tourné. Si on me propose un rôle similaire à ce que je viens de faire, ça ne m’intéresse généralement pas. J’aime les challenges, explorer autre chose et pouvoir m’amuser. Il faut que je sois intimidé, que je sois forcé de sortir de ma zone de confort, qu’il y ait dans mes personnages de l’imprédictibilité, car il s’agit de ne pas se répéter.
Vous avez dû faire plus de musculation encore que d’habitude avant de jouer Thor et, à l’inverse, vous avez perdu beaucoup de poids avant le tournage d’«Au coeur de l’océan» (2015), de Ron Howard. Etes-vous comme Robert De Niro ou Christian Bale, adepte d’une implication physique dans les rôles?
Je suis marié et j’ai trois enfants; je suis fier de ma carrière et je sens dès lors moins l’envie d’endommager mon corps afin de me prouver quelque chose. Je peux ajuster mon poids en fonction des films, mais je n’irai plus dans des directions extrêmes, cela ne m’intéresse pas. Je connais des gens qui l’ont beaucoup fait et qui m’ont dit que cela ne valait pas la peine, qu’ils avaient ruiné leur métabolisme, qu’ils retenaient plus la graisse qu’auparavant et que leur système immunitaire était devenu défaillant. On peut faire tellement de choses avec les prothèses que je préfère être en bonne santé et jouer avec mes enfants. J’ai perdu comme vous l’avez dit beaucoup de poids pour le film de Ron Howard, et tenter de rester maigre durant trois mois a été l’expérience la plus misérable de ma vie.