«DESÉQUILIBRES»: DE L’ART À LA PISCINE
La ville de Sierre, pour la deuxième année consécutive, propose aux Bains de Géronde une exposition éphémère à ciel ouvert sur le thème «DesEquilibres»
A Sierre, l’art s’exporte hors des lieux conventionnels pour s’ouvrir à un public plus large. Privée de salle d’exposition digne de ce nom à la suite de la fermeture de la Maison de Courten, la ville investit depuis deux ans les Bains de Géronde, un lieu «fédérateur» et pour le moins atypique où l’on peut voir diverses formes d’art «les pieds dans le gazon». «Nous voulions un lieu ouvert qui inciterait les gens à visiter une exposition même s’ils n’en ont pas l’habitude», explique Muriel Perruchoud, déléguée régionale à l’intégration et organisatrice de l’événement.
Durant une semaine, du 12 au 23 septembre, six artistes valaisans, espagnols et colombiens exposeront des oeuvres inédites spécialement conçues pour l’événement. A l’image de ces totems érigés par Stéphane Meier, sculptures, dessins, vidéos et autres oeuvres plastiques interrogeront le public sur la problématique de l’intégration et de la migration autour du thème
DesEquilibres. «Il est important de changer le regard porté sur ces questions. Pour célébrer l’étranger, ce sont la plupart du temps des festivals culinaires qui sont organisés, déplore la Valaisanne. Mais il y a bien plus que cela: cette exposition va nous permettre de donner des clés de compréhension à la société d’accueil.»
RASSEMBLER POUR MIEUX COMPRENDRE
Transformés en une galerie éphémère à ciel ouvert, les Bains de Géronde seront, contrairement à la première édition de 2017, exploités dans leur totalité. «L’espace clos et défini des cabines s’est révélé contraignant, bien que facile à exploiter, confie Muriel Perruchoud. Le lieu reste le même mais sera habité d’une façon différente; c’est donc une tout autre réflexion qui est engagée.»
Avec DesEquilibres, la ville de Sierre souhaite initier les plus novices à l’art, mais également sensibiliser et responsabiliser le public face à cette problématique de l’intégration. «Nous avons tous des responsabilités à prendre. Les habitants se doivent d’être plus accueillants et compréhensifs face aux immigrés qui doivent, de leur côté, s’adapter à un nouveau mode de vie.» Et c’est parce que les Bains de Géronde font partie inté- grante de la vie des Sierrois qu’ils sont devenus lieu d’accueil de cette exposition. «Les piscines rassemblent des générations et communautés différentes qui viennent se baigner, lire, bronzer. Cet espace est vraiment propice au partage et à la mixité.»
Des notions que devront s’approprier les six artistes rassemblés par la curatrice Anne-Catherine Fontannaz afin de composer cette exposition cosmopolite. La sculptrice franco-suisse Patricia Pittet, le plasticien valaisan Stéphane Meier et l’artiste sicilienne Liliana Salone, désormais établie en Valais, collaboreront avec la Barcelonaise Anna López Luna et le Colombien Andres Salgado, invités par l’écrivain et réalisateur Abdellah Taïa. «Les normes esthétiques différent selon les pays; chacun devra donc trouver un terrain d’entente pour construire un accrochage cohérent. Dans le milieu artistique ou dans la vie quotidienne, nous sommes tous à la recherche d’un voire de plusieurs équilibres.»