Le Temps

LES JOLIS MONDES DU FESTI

- PAR CAROLINE STEVAN @CarolineSt­evan

La biennale de photograph­ie démarre ce samedi à Vevey. Parmi les 61 projets exposés, l’univers étrange et onirique de Coco Fronsac

Son nom, déjà, sonne comme un programme à tiroirs. Il y a ce Coco, évoquant la mode ou l’exotisme, ce Fronsac, appelant à la fronde et à l’aventure. Coco Fronsac, artiste parisienne, construit depuis trois décennies une oeuvre protéiform­e et multicouch­e. La série Chimères et Merveilles est présentée dans le cadre du festival Images, à Vevey, aux côtés d’une soixantain­e de projets.

D’abord, il y a les photograph­ies. De vieux tirages en noir et blanc, généraleme­nt petit format, que la dame chine sur les marchés. On y voit des portraits de famille, des poses de premiers communiant­s ou de jeunes mariés immortalis­ées en studio. Puis il y a ce que Coco Fronsac décide d’ajouter. Un masque du sud de l’Alaska ou du golfe de Papouasie, un clin d’oeil à Max Ernst, quelques insectes et végétaux. Cela donne des images étranges et fantasmago­riques, tour à tour drôles ou oniriques.

CABINET DE CURIOSITÉS

«Ce sont des photograph­ies au départ assez banales, comme on en a tous vu chez nos grands-parents. J’aime l’idée de leur donner une nouvelle vie. Je les choisis parce qu’une posture ou un accessoire suggèrent tout un champ de possibilit­és, ou simplement parce que j’éprouve une sorte de coup de foudre comme quand on choisit un gâteau à la pâtisserie, souligne l’artiste. Puis je les retravaill­e de manière assez instinctiv­e, à l’acide, à la gouache ou avec des collages, en puisant dans mes collection­s. Je fabrique ainsi mon propre univers.» Les collection­s de Coco Fronsac sont multiples: champignon­s d’arbre, statuettes de colons africains, trésors des cabinets de curiosités, art primitif, livres de toutes sortes… Photograph­ies, évidemment, glanées depuis toujours.

Les masques, qui la passionnen­t, sont les ingrédient­s de base de la série des Chimères. Les amérindien­s ont sa préférence, «plus colorés et délirants que les africains», estime-t-elle.

INFLUENCE SURRÉALIST­E

Chaque pièce est répertorié­e pour rejoindre le recueil qui servira à ornementer les vieux tirages, sans respect des échelles. Coco Fronsac n’invente rien, sinon un nouveau monde. «J’ai commencé par la peinture, le dessin et la lithograph­ie. Il est difficile de démarrer avec un papier blanc. La photograph­ie est une base ouvrant mille perspectiv­es, s’enthousias­me la quinquagén­aire. Je suis d’ailleurs persuadée que si vous donniez la même image à dix artistes, ils en feraient dix oeuvres totalement différente­s.»

L’héritière revendiqué­e des mouvements dada et surréalist­e travaille sur de multiples séries en parallèle. Il y a les «dormeurs», collection de personnage­s aux yeux clos par une couche de peinture, les bébés «nés sous X», dont la maman fière comme un paon a été recouverte de noir, les premiers communiant­s aux robes crayonnées de petits démons… «J’aime détourner le sens d’une photograph­ie, ajouter de l’humour, retwister l’histoire», s’amuse Coco Fronsac. Certains, dès lors, y voient presque une oeuvre sacrilège. «J’achète ces images dans les brocantes et les vide-greniers. Il m’est arrivé de trouver des vies entières dans les poubelles. Ces photograph­ies, plus personne n’en veut. Moi, je leur donne une autre vie, merveilleu­se qui plus est!» défend l’artiste. Ces aïeuls réinventés sont à découvrir dans les vitrines de l’ancienne ferronneri­e, à Vevey. Quelques-uns, grandeur nature, croiseront les passants place Scanavin.

«Coco Fronsac: Chimères et Merveilles», du 8 au 30 septembre place Scanavin, dans le cadre du festival Images, à Vevey, en coproducti­on avec Atelier 20.

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