La billetterie, socle de l’empire Live Nation
Avec Ticketmaster, la multinationale pratique la hausse des prix des billets et vend les données de ses utilisateurs aux annonceurs
«Rihanna a 86 millions de followers sur Twitter, explique Michael Rapino, patron de Live Nation Entertainment. Moi, j’ai 500 millions de gens qui ont acheté un billet sur Ticketmaster. com, et plus de 80 millions qui sont allés à un concert Live Nation. J’ai un océan de données à explorer.» Tenu par Rihanna comme «un visionnaire du music business», le Canadien, 52 ans, est d’abord l’auteur d’un coup de génie: avoir racheté en 2010 le site Ticketmaster, leader mondial de la billetterie en ligne. Avec cette acquisition, la firme, déjà promoteur, manageur d’artistes, gérant de salles et organisateur d’événements, asseyait sa domination dans le marché du live, poussant Bruce Springsteen et le groupe AEG à dénoncer sa position de quasi-monopole auprès du Département de la justice américaine.
Huit ans plus tard, après avoir été officiellement présenté comme un outil permettant de diminuer les frais de billetterie et les prix des tickets de spectacles, Ticketmaster est la principale source de profit de Live Nation: inflation des billets (5% en moyenne en 2017), ventes en hausse (9%), données personnelles de ses 580 millions d’utilisateurs annuels dans 29 pays monnayées auprès de 900 annonceurs. Comptant parmi les cinq sites d’e-commerce les plus visités du monde, Ticketmaster affiche en 2017 un chiffre d’affaires de 2,14 milliards de dollars (+17%). Amazon et Apple réfléchiraient actuellement, dit-on, à se positionner sur le marché fort rentable de la billetterie en ligne.
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