Genève au coeur de l’affaire Skripal?
Deux hommes, présentés par Londres comme des agents du renseignement militaire russe, auraient effectué six voyages en Suisse durant les mois qui ont précédé l’opération d’empoisonnement au gaz toxique
Genève, nid d'espions? La Cité de Calvin apparaît désormais dans l'affaire Skripal, du nom de cet ex-agent double qui a survécu à une tentative d'empoisonnement. Selon le journal britannique The Telegraph, cité par la presse dominicale, les deux principaux suspects, des officiers des services secrets russes, se seraient rendus au moins six fois en Suisse durant les mois précédant l'attaque au gaz Novitchok. De quoi attiser la curiosité du Service de renseignement de la Confédération, dont l'une des missions est précisément de détecter les activités des agents secrets étrangers.
De nombreux voyages
Le 5 septembre, l'affaire a pris une nouvelle tournure. La première ministre britannique, Theresa May, a explicitement accusé le renseignement militaire russe (GRU) d'avoir voulu éliminer Sergueï Skripal en enduisant de poison la poignée de sa porte. Les noms, Alexander Petrov et Ruslan Boshirov, des identités d'emprunt figurant sur les passeports des deux suspects, ont également été révélés. Les enquêteurs ont détaillé les mouvements des deux suspects, partis de Moscou et arrivés à Londres le vendredi 2 mars. Après avoir opéré des reconnaissances à Salisbury, où habitait Sergueï Skripal, ils seraient retournés sur place le 4 mars 2018 pour appliquer le gaz avant de reprendre l'avion le même soir pour la Russie. L'ex-agent double et sa fille, hospitalisés durant plusieurs semaines, ont finalement survécu.
Selon la presse britannique, citée par Le Matin Dimanche, les investigations auraient révélé que l'un des suspects se trouvait à Genève un peu moins d'un mois avant la tentative d'assassinat. Plus troublant encore, les deux hommes y auraient effectué plusieurs séjours entre novembre 2017 et février 2018. Leur réservation se retrouve sur neuf vols différents à destination ou en provenance de Genève. La raison de cette présence, parfois simultanée sur les bords du Léman, reste à éclaircir.
Moscou conteste toute implication et n'extrade pas ses ressortissants. Des mandats d'arrêt européens ont été émis contre les deux hommes.