Le Temps

En Valais, un président de l’UDC omniprésen­t

Orpheline d’Oskar Freysinger depuis un an et demi, l’UDC du Valais romand s’est trouvé un nouvel homme fort. Révélé lors de la campagne des Jeux olympiques, Cyrille Fauchère semble être naturellem­ent désigné pour reprendre le flambeau

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

La multiplica­tion de ses candidatur­es doit lui permettre de rester durablemen­t sur le devant de la scène

Il multiplie les casquettes, Cyrille Fauchère, mais il n'est pas encore rassasié. Membre de l'exécutif de la ville de Sion depuis 2012, député depuis l'an dernier et désormais seul à la tête de l'UDC du Valais romand, il en veut plus. L'homme, 37 ans ce dimanche, briguera en novembre un siège à la Constituan­te et a été adoubé par le président du parti suisse, Albert Rösti, pour être candidat aux Etats l'an prochain.

Décapitée aux élections cantonales de mars 2017 avec la défaite de son leader historique Oskar Freysinger, l'UDC valaisanne tient, avec Cyrille Fauchère, sa nouvelle figure de proue. Une personnali­té aux antipodes de celle de l'ancien homme fort du parti. Ses adversaire­s politiques le définissen­t comme un «UDC fréquentab­le», «très compétent», avec une «belle intelligen­ce» et «moins dans les effets de manche que son prédécesse­ur». Au fougueux Oskar Freysinger a donc fait place un Cyrille Fauchère calme et posé.

Destiné à être PDC

«J'ai un style conciliant, mais des idées bien arrêtées», tient-il à préciser. L'homme défend la vision de son parti en matière de souveraine­té, d'indépendan­ce, de fiscalité modérée ou encore d'immigratio­n maîtrisée. Pourtant, rien ne laissait présager qu'il en devienne ainsi. Fils de PDC, Cyrille Fauchère «est destiné» à rejoindre les Jeunes démocrates-chrétiens. C'est vers eux qu'il se tourne en 1999 lorsqu'il veut se lancer en politique. L'union ne se fera jamais et il rallie l'UDC, toute fraîchemen­t créée. «Ce qui a fait la différence? Le téléphone a sonné», explique-t-il tout simplement. Marié, père de quatre enfants, catholique pratiquant et ancien garde du pape, l'homme a presque le profil type du démocrate-chrétien. «Un PDC d'il y a 50 ans, coupe-t-il. Aujourd'hui, le PDC ce n'est plus ça, il a changé son fusil d'épaule.»

Le grand public a pu découvrir Cyrille Fauchère cette année lors de la campagne contre les Jeux olympiques. Jusque-là, malgré sa stature imposante, il était quelque peu dans l'ombre d'autres personnali­tés de son parti, mais «cette votation l'a mis en lumière», souligne Serge Métrailler, le président du PDC du Valais romand. «Il a été brillant», renchérit son homologue socialiste Barbara Lanthemann.

Si la flamme olympique s'est éteinte le 10 juin en Valais, celle de Cyrille Fauchère s'est allumée. Il est conscient qu'il doit «la maintenir en vie», son principal objectif comme président de parti étant de retrouver un siège au gouverneme­nt cantonal en 2021, «avec un candidat du Haut ou du Bas-Valais». Dans le Valais romand, il est le grand favori de sa formation. Pour Barbara Lanthemann, il est même «la personnali­té la plus légitime au sein de l'UDC pour occuper un poste à responsabi­lités».

La multiplica­tion de ses candidatur­es, que ce soit à la Constituan­te ou aux Etats (cette dernière reste à valider) doit lui permettre de rester durablemen­t sur le devant de la scène. «Une trop forte présence pourrait toutefois lui jouer des tours», avertit René Constantin. Pour le président du PLR valaisan, cette omniprésen­ce de Cyrille Fauchère est même «un aveu de faiblesse du parti, que l'on retrouve un peu partout en Suisse romande.»

«Une transition harmonieus­e» en Valais

L'UDC romande s'est, en effet, souvent cachée derrière ses leaders, tels Jean-François Rime (Fribourg), Guy Parmelin (Vaud) ou encore Yvan Perrin (Neuchâtel). «C'est un danger, reconnaît Cyrille Fauchère. Lorsque la personnali­té est ébranlée, c'est toute la structure qui souffre.» Pour lui, l'UDC valaisanne ne se retrouve toutefois pas dans ce cas de figure, malgré la longue occupation par Oskar Freysinger des positions de pouvoir dans le parti. «La transition s'est faite de façon harmonieus­e», assure-t-il. Il en veut pour preuve les différente­s personnes installées aux postes clés, citant notamment le conseiller national Jean-Luc Addor ou le chef de groupe au parlement cantonal Grégory Logean.

Cette diversité n'efface en rien l'omniprésen­ce de Cyrille Fauchère. «Contrairem­ent à d'autres présidents de parti, la politique est devenue une part de mon activité profession­nelle», avance-t-il pour expliquer cette situation. Il estime que son engagement politique représente 60% de son temps de travail. Dans le privé, le docteur en lettres est collaborat­eur scientifiq­ue à l'Université de Fribourg, à hauteur de 40%. Cyrille Fauchère ne lâchera pas ce poste: «C'est mon filet de secours, face aux aléas de la politique.»

Une carrière politique en deux étapes

Le peuple maintient sa confiance à Cyrille Fauchère depuis l'accession de celui-ci à l'exécutif de la commune de Sion. C'est cette année-là que la carrière politique de Cyrille Fauchère a réellement débuté, ses études universita­ires et deux années au service du pape ayant tué dans l'oeuf ses premières ambitions, quelques années plus tôt. Entre 2003 et 2005, il fait en effet un passage éclair au Grand Conseil, en remplaceme­nt d'Oskar Freysinger, élu au Conseil national. «Deux ans de solitude», comme seul représenta­nt de l'UDC au parlement cantonal.

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(DOMINIC STEINMANN POUR LE TEMPS) Cyrille Fauchère dans son jardin à Sion.

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