Le Temps

La franchise ou la prime, il faudra choisir

- PHILIPPE NANTERMOD @nantermod

On ne réduira pas les coûts de la santé. Notre société n’en veut pas. Les patients n’en veulent pas. Le personnel médical n’en veut pas. La balance démographi­que n’en veut pas.

L’automne arrive. Inlassable­ment, la même mauvaise nouvelle de l’augmentati­on des primes nous attend. Préparez-vous aux formules magiques des uns, au fatalisme des autres. En fin de compte, il faudra avaler une nouvelle couleuvre.

Les Suisses se plaignent de ces augmentati­ons de primes. Pas de leurs propres coûts de santé. La nuance est de taille. La prime, c’est ce que l’on dépense pour les autres. Ce qui est mutualisé, la part sociale. Elle augmente, que vous soyez très malade ou en parfaite santé. Elle ne tient pas compte de vos comporteme­nts. Elle dévore à petit feu le pouvoir d’achat des ménages. La franchise, c’est la part que vous assumez pour vous. Et chaque franc de franchise est un franc qui ne pèse pas sur les primes, par un jeu de vases communican­ts.

L’assurance maladie obligatoir­e est devenue une assurance tout risque. Une casco complète. Selon le modèle de base, passé les 300 premiers francs de la franchise, c’est open bar pour le reste de l’année. Ces 300 francs constituen­t le seuil à partir duquel on considère qu’il serait antisocial d’exiger des patients qu’ils assument leurs propres frais. Or, s’il paraît illusoire de réduire les coûts de la santé, on peut encore diminuer la partie qui plombe les primes. Augmenter les franchises, c’est réduire les primes.

Il est politiquem­ent incorrect de le dire. La grande maladie de notre système de santé, c’est son trop-plein de solidarité. C’est cette idée qu’au-delà de 300 francs par année, les autres doivent payer. Vingt-cinq francs par mois: le seuil de la prise en charge individuel­le. Trois paquets de cigarettes. Ce que certains dépensent en deux jours pour goudronner leurs poumons, on ose à peine le leur demander pour les soigner.

Les projets d’augmentati­on de la participat­ion aux coûts sont légion. Ils suscitent toujours la même levée de boucliers. Il n’y a malheureus­ement pas de gentille fée cachée dans une grotte qui attend impatiemme­nt qu’on lui envoie la facture de notre système de santé. C’est à nous qu’il reviendra toujours de l’acquitter. Et si ce n’est pas en adaptant les franchises, ce sera en augmentant nos primes. Il faudra choisir, encore et toujours.

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