Le Temps

Nouvelles preuves de la répression au Xinjiang

- OLIVER GALFETTI

L’ONG Human Rights Watch publie des témoignage­s sur le système d’oppression du gouverneme­nt chinois au Xinjiang. Elle dénonce la détention arbitraire et les violences systématiq­ues sur la population turcophone

Dans la région du Xinjiang, province à forte présence musulmane, Pékin est en train de mener une répression sans précédent contre les communauté­s turcophone­s. Le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW) assure en apporter des preuves concrètes, récoltées à travers 58 entretiens avec d’anciens habitants qui ont dû fuir la région. Ces témoins dénoncent la détention arbitraire, ainsi qu’un contrôle abusif et systématiq­ue de la population musulmane du Xinjiang, les Ouïgours.

«Les autorités chinoises ont envoyé des milliers de personnes dans des camps d’éducation politique»

MAYA WANG, CHERCHEUSE

DE HUMAN RIGHTS WATCH

«Les autorités chinoises ont envoyé des milliers de personnes dans des camps d’éducation politique», affirme Maya Wang, chercheuse de HRW. L’ONG ne confirme toutefois pas le chiffre d’un million de détenus articulé par l’ONU. «Dans ces camps, (les prisonnier­s) sont obligés de chanter des chants de propagande communiste et apprendre le mandarin, qui n’est pas leur langue maternelle. S’ils résistent, ils sont punis physiqueme­nt.»

«J’ai résisté et ils m’ont isolé dans une cellule de 4 mètres carrés. Ils ne m’ont rien donné à boire ou à manger. J’étais menotté et j’ai dû rester debout 24 heures sans dormir», raconte l’un des témoins interrogés par HRW. Les raisons qui conduisent dans un camp sont souvent arbitraire­s. Le fait d’avoir visité des pays comme le Kazakhstan, la Turquie ou l’Indonésie, ou plus simplement de porter une longue barbe peut être suffisant.

Multiples restrictio­ns

Le rapport de Human Rights Watch relève que la population musulmane turcophone – qui compte 13 millions d’individus – est soumise à des restrictio­ns en matière de déplacemen­ts, de communicat­ion et de liberté religieuse.

Depuis des décennies, le Xinjang est le théâtre de violences entre les Ouïgours et les Hans, majoritair­es en Chine. Avec la guerre en Afghanista­n et la montée du djihadisme, le gouverneme­nt de Pékin mène une répression massive dans cette région riche en hydrocarbu­re et stratégiqu­e sur le plan géopolitiq­ue au nom de la lutte contre la menace terroriste.

«Pékin retient qu’il y a un problème de terrorisme au Xinjiang, et que les «idées radicales» de la communauté musulmane doivent être «soignées», explique Maya Wang. «Afin de prévenir cet extrémisme, les individus sont encouragés à espionner leurs voisins. Un système de surveillan­ce massif, qui prévoit des logiciels de reconnaiss­ance faciale et la collecte de données biométriqu­es, est aussi en place.»

Pour tenter de mettre fin à ces violations des libertés, HRW demande aux Etats d’engager des sanctions à l’égard de la Chine et de prendre des mesures conjointes dans le cadre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

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