Le Temps

CarPostal se réorganise et supprime des postes

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

La filiale de La Poste renonce à sa structure en holding, créée exprès pour préserver les bénéfices encaissés; 40 à 60 emplois passent à la trappe. Des licencieme­nts sont possibles

L’annonce de la suppressio­n de 40 à 60 postes chez CarPostal a été ressentie comme une demi-surprise lundi aux Chambres fédérales. Comme l’indique le communiqué publié par la filiale de La Poste, cette réduction d’effectifs ne poursuit aucun but d’économie mais est liée à une réorganisa­tion structurel­le. Comme le président du conseil d’administra­tion de la maison mère, Urs Schwaller, l’avait annoncé en juin, la structure en holding de CarPostal SA est abandonnée. Décidée en 2014 et introduite en 2016, cette constructi­on juridique avait pour objectif de préserver les bénéfices encaissés de manière indue sur le dos des collectivi­tés publiques qui subvention­nent le transport de personnes.

Cinq sociétés avaient alors été créées: la holding CarPostal SA, CarPostal Suisse SA, CarPostal Production SA, CarPostal Véhicules SA et CarPostal Solutions de mobilité SA. Elles seront abandonnée­s au profit d’une seule entité nommée CarPostal SA. Avec cette restructur­ation, l’entreprise aura besoin de moins de personnel administra­tif. En parallèle, toutefois, CarPostal compte renforcer sa présence dans les régions, ce qui implique des changement­s de cahier des charges pour certains collaborat­eurs et de nouveaux profils de compétence­s. Globalemen­t, CarPostal compte supprimer 40 à 60 postes, soit 2% de l’effectif total de l’entreprise, principale­ment par des départs naturels et des retraites anticipées. Mais «des licencieme­nts ne peuvent pas être exclus», précise le communiqué.

Nouvelle salve de questions

CarPostal, dont la nouvelle direction de sept membres – un Romand, Ian Hennin, en fait partie – a été désignée il y a une semaine, entame une procédure de consultati­on jusqu’au 23 septembre. Le syndicat de la branche, Syndicom, «salue» le fait que CarPostal veuille «repenser ses structures à la suite du scandale du subvention­nement et renforcer sa présence dans les régions». Il s’oppose en revanche à tout licencieme­nt. Le nombre d’emplois biffés représente 2% de l’ensemble du personnel alors que la fluctuatio­n annuelle était de 3% en 2016. L’opération devrait ainsi pouvoir se faire au rythme des fluctuatio­ns naturelles, considère-t-il.

Au parlement, la mesure ne surprend qu’à moitié ceux qui suivent le dossier de près. Guillaume Barazzone (PDC/GE) attend de CarPostal qu’elle soit une «entreprise efficiente» et tant pis si cela doit se faire avec moins de monde. Olivier Feller (PLR/VD) s’interroge sur le cahier des charges des personnes dont l’emploi sera supprimé à cause de l’abandon de la structure en holding mise en place en 2016. «Elles ne livraient aucune prestation utile aux usagers», subodore-t-il. Toujours à l’affût, le conseiller national vaudois a déposé lundi, jour d’ouverture de la session d’automne des Chambres fédérales, une salve de questions sur l’affaire CarPostal.

Il veut notamment savoir pourquoi l’organe de révision de La Poste n’a pas été changé et pourquoi Fedpol a attendu six mois avant de faire des perquisiti­ons dans les locaux de La Poste et de CarPostal. Il aimerait également qu’on lui dise si le conseil d’administra­tion de La Poste a validé l’acquisitio­n de nouvelles lignes par CarPostal France à Marseille alors que son président, Urs Schwaller, avait annoncé le retrait progressif de la société du marché français. Le Conseil fédéral répondra lundi prochain.

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