CarPostal se réorganise et supprime des postes
La filiale de La Poste renonce à sa structure en holding, créée exprès pour préserver les bénéfices encaissés; 40 à 60 emplois passent à la trappe. Des licenciements sont possibles
L’annonce de la suppression de 40 à 60 postes chez CarPostal a été ressentie comme une demi-surprise lundi aux Chambres fédérales. Comme l’indique le communiqué publié par la filiale de La Poste, cette réduction d’effectifs ne poursuit aucun but d’économie mais est liée à une réorganisation structurelle. Comme le président du conseil d’administration de la maison mère, Urs Schwaller, l’avait annoncé en juin, la structure en holding de CarPostal SA est abandonnée. Décidée en 2014 et introduite en 2016, cette construction juridique avait pour objectif de préserver les bénéfices encaissés de manière indue sur le dos des collectivités publiques qui subventionnent le transport de personnes.
Cinq sociétés avaient alors été créées: la holding CarPostal SA, CarPostal Suisse SA, CarPostal Production SA, CarPostal Véhicules SA et CarPostal Solutions de mobilité SA. Elles seront abandonnées au profit d’une seule entité nommée CarPostal SA. Avec cette restructuration, l’entreprise aura besoin de moins de personnel administratif. En parallèle, toutefois, CarPostal compte renforcer sa présence dans les régions, ce qui implique des changements de cahier des charges pour certains collaborateurs et de nouveaux profils de compétences. Globalement, CarPostal compte supprimer 40 à 60 postes, soit 2% de l’effectif total de l’entreprise, principalement par des départs naturels et des retraites anticipées. Mais «des licenciements ne peuvent pas être exclus», précise le communiqué.
Nouvelle salve de questions
CarPostal, dont la nouvelle direction de sept membres – un Romand, Ian Hennin, en fait partie – a été désignée il y a une semaine, entame une procédure de consultation jusqu’au 23 septembre. Le syndicat de la branche, Syndicom, «salue» le fait que CarPostal veuille «repenser ses structures à la suite du scandale du subventionnement et renforcer sa présence dans les régions». Il s’oppose en revanche à tout licenciement. Le nombre d’emplois biffés représente 2% de l’ensemble du personnel alors que la fluctuation annuelle était de 3% en 2016. L’opération devrait ainsi pouvoir se faire au rythme des fluctuations naturelles, considère-t-il.
Au parlement, la mesure ne surprend qu’à moitié ceux qui suivent le dossier de près. Guillaume Barazzone (PDC/GE) attend de CarPostal qu’elle soit une «entreprise efficiente» et tant pis si cela doit se faire avec moins de monde. Olivier Feller (PLR/VD) s’interroge sur le cahier des charges des personnes dont l’emploi sera supprimé à cause de l’abandon de la structure en holding mise en place en 2016. «Elles ne livraient aucune prestation utile aux usagers», subodore-t-il. Toujours à l’affût, le conseiller national vaudois a déposé lundi, jour d’ouverture de la session d’automne des Chambres fédérales, une salve de questions sur l’affaire CarPostal.
Il veut notamment savoir pourquoi l’organe de révision de La Poste n’a pas été changé et pourquoi Fedpol a attendu six mois avant de faire des perquisitions dans les locaux de La Poste et de CarPostal. Il aimerait également qu’on lui dise si le conseil d’administration de La Poste a validé l’acquisition de nouvelles lignes par CarPostal France à Marseille alors que son président, Urs Schwaller, avait annoncé le retrait progressif de la société du marché français. Le Conseil fédéral répondra lundi prochain.
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