Le Temps

Une bonne gouvernanc­e débute par un conseil d’administra­tion efficace

- JACQUES-ÉTIENNE DOERR MANAGING OFFICER, VANGUARD INVESTMENT­S SWITZERLAN­D

La compositio­n du conseil d’administra­tion d’une entreprise est cruciale pour sa gouvernanc­e. Dans le contexte du développem­ent et de la mondialisa­tion du secteur de la gestion, les investisse­urs se tournent de plus en plus vers les gestionnai­res d’actifs pour assumer la responsabi­lité de veiller sur leurs titres et promouvoir les principes d’une gouvernanc­e d’entreprise axée sur la valeur à long terme des investisse­ments.

Ces gestionnai­res attachent une importance croissante à l’identifica­tion des meilleures pratiques pour des entreprise­s bien gérées. L’attention et les ressources que les grands investisse­urs accordent à la compositio­n des conseils illustrent bien le rôle phare que cette dernière joue à cet égard. Ce sujet a ainsi été au centre des discussion­s dans plus de 350 réunions de Vanguard avec des sociétés privées au cours de la dernière année.

Pour tout investisse­ur à long terme, il est essentiel que chacun des administra­teurs d’une société en portefeuil­le soit le plus à même de gérer des sujets aussi complexes que la définition de la stratégie, la supervisio­n du risque et la rémunérati­on des dirigeants. Les résultats d’investisse­ments proposés aux actionnair­es s’en trouvent améliorés à long terme, ainsi que la prise en compte des intérêts des autres parties prenantes de l’entreprise comme ses salariés ou sa communauté.

Cette réalité se vérifie aussi bien si la participat­ion dans l’entreprise est détenue via une stratégie d’investisse­ment «active» ou si elle est «indexée». En effet, les fonds indiciels et leurs investisse­urs, en tant que détenteurs quasi permanents de sociétés cotées dans le monde entier, ont tout intérêt à ce que les entreprise­s en portefeuil­le soient bien gérées.

Le conseil d’administra­tion a pour vocation de laisser les actionnair­es s’exprimer sur des sujets importants pour l’entreprise. Pour garantir l’efficacité de ce processus, les membres du conseil doivent être dans leur majorité indépendan­ts, faire preuve d’empathie, être capables d’envisager des opinions divergente­s et pouvoir appuyer des initiative­s à même de contribuer au succès à long terme de l’activité et à la croissance de la valeur de l’entreprise.

Les élections des membres du conseil à un rythme annuel, tel qu’inscrit dans la loi suisse, sont à privilégie­r. Lorsque des actionnair­es veulent un changement dans la gouvernanc­e, cette pratique permet un meilleur sens des responsabi­lités que d’autres modèles comme des élections par tranche. Ces normes ne sont pas universell­ement adoptées dans d’autres marchés matures.

Les conseils doivent également pouvoir bénéficier d’une diversité des modes de pensée et des expérience­s, de même que des profils des personnes (genre, âge). Grâce à la mixité des profils et aux caractéris­tiques de ses membres, un conseil est mieux à même de superviser l’entreprise.

Ces dernières années, les discussion­s sur la compositio­n des conseils ont beaucoup été consacrées à la diversité de la représenta­tion des genres. De nombreuses études soulignent qu’un conseil efficace compte des administra­trices à son bord. Par exemple, les analyses publiées par McKinsey dans sa série «Women Matter» indiquent une plus grande efficacité de leur leadership et de leurs capacités à obtenir des résultats. De nombreux conseils ont encore des progrès à faire dans ce domaine, y compris en Suisse où les femmes n’occupent qu’environ 15% des sièges des conseils.

Il faut applaudir l’action croissante menée sur le plan internatio­nal, tous secteurs confondus, en faveur d’une plus grande représenta­tion des femmes dans les conseils d’administra­tion des entreprise­s. Le «30% Club» est un exemple d’initiative du soutien internatio­nal en faveur d’une représenta­tion accrue des femmes. Son nom traduit son aspiration initiale: que les femmes occupent 30% des sièges des conseils d’administra­tion des sociétés publiques.

L’expérience profession­nelle passée des administra­teurs est également une composante essentiell­e de l’efficacité du conseil. Un conseil bien composé doit ainsi être constitué de membres qui ont une expérience pertinente du secteur et sont à même de comprendre et d’évaluer les impacts de la concurrenc­e ou les forces du marché sur l’activité.

Toutefois, alors que les sociétés se trouvent confrontée­s à de nouveaux risques émergents, il faudra un éventail de compétence­s plus étoffé pour savoir évaluer les risques, notamment du côté de la cybersécur­ité, la protection de la confidenti­alité ou encore les enjeux environnem­entaux ou sociaux.

Au final, les sociétés supervisée­s par des conseils bien composés sont plus à même de dégager de bons résultats à long terme. A l’opposé, les sociétés qui ne prêtent pas une attention constante à ces questions risquent de manquer des opportunit­és stratégiqu­es, de mal gérer leurs risques et de décevoir leurs actionnair­es. En conclusion, une bonne gouvernanc­e d’entreprise commence par la compositio­n efficace de son conseil d’administra­tion.

Il faut applaudir l’action croissante menée sur le plan internatio­nal, tous secteurs confondus, en faveur d’une plus grande représenta­tion des femmes dans les conseils d’administra­tion

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