L’économie chinoise sous l’emprise de mesures tarifaires
Alors qu’une vague de tourmente vient s’abattre sur les économies émergentes, questionnant la viabilité de leur système financier, l’économie chinoise fait encore bonne figure, ceci malgré les incertitudes persistantes quant au futur des relations commerciales sino-américaines. De plus, la Banque populaire de Chine (BPC), l’institution monétaire du pays, doit depuis quelque temps faire face à une dépréciation de sa monnaie, qui s’est fortement accélérée depuis le mois d’avril de cette année. A cet effet, la BPC se doit de maintenir une approche ferme et mesurée lors de ses prises de décisions monétaires.
En effet, l’économie chinoise doit dorénavant faire face à des mesures tarifaires introduites par les Etats-Unis pour une somme se montant à environ 20% de ses exportations dans le pays, alors qu’une seconde salve est attendue prochainement.
Effectivement, le président américain, Donald Trump, a récemment confirmé son intention d’appliquer prochainement des taxes douanières supplémentaires sur des produits importés d’une valeur de 200 milliards de dollars, ceci faisant suite à une période de consultation de deux mois durant laquelle les négociateurs des deux camps n’avaient pas pu trouver un accord à ce sujet.
De plus, Trump a également déclaré être disposé à étendre les sanctions à d’autres produits importés dans le pays d’un montant de 267 milliards de dollars, une mesure qui aurait également des répercussions sur l’ensemble de l’économie américaine, augmentant le prix des produits de consommation, d’une part, et réduisant les marges des multinationales produisant en Chine, d’autre part.
Jusqu’ici néanmoins, les mesures n’ont manifestement pas empêché la Chine d’accroître son surplus commercial avec les Etats-Unis, estimé à 31 milliards de dollars en août, son plus haut niveau jamais atteint et en augmentation de plus de 10% par rapport au mois précédent. Ceci nous laisserait donc penser
La Banque populaire de Chine, dans l’attente d’une résolution rapide du conflit avec les Etats-Unis, semble bien jouer ses cartes jusqu’à maintenant
qu’une légère baisse du yuan devrait être considérée comme bénéfique pour le pays, mais davantage de facteurs viennent jouer leur rôle dans ces complexes rouages.
Effectivement, les perspectives de croissance de l’Empire du Milieu restent maussades, ceci notamment en raison des nouvelles mesures de la BPC. Celle-ci tente de réduire le surendettement et la surcapacité de production du pays en réduisant fortement l’octroi de crédits. A ce propos, le gouverneur de la BPC, Yi Gang, faisant suite aux recommandations de la Commission chinoise de réglementation des banques et des assurances, a notamment déclaré vouloir venir en aide aux PME, celles-ci étant les premières touchées à la fois par le programme de désendettement du pays et par les mesures tarifaires imposées par les Etats-Unis. Il y a donc fort à parier que la croissance se situe au niveau des 6,5% d’ici à la fin de l’année, une cadence bien inférieure à sa moyenne historique dépassant la barre des 7%.
Afin de remédier à ces problèmes domestiques et ainsi éviter une baisse excessive du yuan, la BPC a mis en place des mesures contraignantes pour les investisseurs souhaitant parier sur une baisse de la monnaie, en imposant une réserve obligatoire de 20% sur les positions «short» (à la baisse) sur les contrats à terme, mais aussi en introduisant un mécanisme appelé «fixing rate» (basé sur le taux de change USD/CNY) consistant en un seuil journalier au-delà duquel la BPC est disposée à intervenir pour défendre sa monnaie.
Jusqu’ici, les tensions commerciales n’ont encore eu guère de répercussions sur l’économie chinoise. En effet, il faudra encore patienter quelque temps avant de constater l’impact de ces nouvelles taxes douanières. Ceci est d’autant plus positif qu’un ralentissement de ses activités aurait un impact négatif sur les économies émergentes, celles-ci étant déjà extrêmement fragiles depuis le début de cette année.
La BPC, bien évidemment dans l’attente d’une résolution rapide du conflit avec les Etats-Unis, semble bien jouer ses cartes jusqu’à maintenant, n’ayant notamment pas eu besoin d’avoir recours à son taux de politique monétaire, resté inchangé à 4,35% depuis trois ans. De plus, maintenue au niveau des 6,85, la parité USD/CNY n’a encore jamais atteint le seuil de 7, un niveau que la banque centrale chinoise n’est pas prête à tolérer.
Ainsi, alors qu’un conflit commercial entre les deux nations menace la croissance mondiale, il est attendu qu’un accord puisse être trouvé d’ici à la fin de l’année, assurant alors une stabilité de la monnaie chinoise. Mais le chemin reste semé d’embûches, d’autant que les dossiers de l’Aléna et du Brexit, ainsi que les questions concernant le budget italien demeurent ouvertes. Ces éléments laissent présager une volatilité accrue des marchés des changes au cours des prochains mois.
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