Raymond Bardel, le pionnier oublié
Notre récent portrait de Badile Lubamba, premier joueur d’origine africaine sélectionné en équipe de Suisse en 2000, a suscité de nombreux commentaires. Certains pour préciser que Lubamba n’avait précédé Blaise Nkufo que d’une mi-temps. D’autres pour objecter que Philippe Douglas, métis né au Québec, avait déjà porté (à une seule reprise) le maillot de l’équipe nationale le 22 octobre 1989 contre la Belgique.
«Une note exotique»
Mais personne ne nous a parlé de Raymond Bardel. Personne sauf Gilbert Guanziroli, alerte octogénaire et lecteur soucieux d’exactitude qui nous précise par lettre: «En 1951, un certain Raymond Bardel a disputé deux rencontres avec notre équipe nationale, le 15 avril à Zurich contre la RFA (défaite 3-2) puis le 24 juin
Samedi dernier, après leur victoire éclatante contre l’Islande (6-0), les joueurs suisses était en osmose, quelle que soit leur origine.
à Belgrade contre la Yougoslavie (défaite 7-3).»
Raymond Bardel, né en 1928 d’un père noir américain et d’une mère vaudoise, a donc marqué à sa manière l’histoire du football suisse. Il n’en subsiste que très peu de traces. Dans son Livre d’or du football suisse (1994), Jacques Ducret écrit sobrement: «Le demi de couleur de Lausanne-Sports, Raymond Bardel, effectue des débuts courageux au sein d’une équipe privée de Neury et Kernen.» Quelques pages plus avant, on trouve une photo de Raymond Bardel protégeant la sortie du gardien Georges Stuber, avec la légende: «Bardel dans l’équipe: une note exotique.» Et c’est à peu près tout.
«La radio en avait pas mal parlé, se souvient Gilbert Guanziroli. On n’en faisait pas toute une affaire mais par contre, je dois dire qu’on utilisait le mot «nègre» pour le décrire.»
▅