Le Temps

«L’argent étranger non déclaré a disparu du pays»

Herbert Scheidt, président de l’Associatio­n suisse des banquiers, estime qu’«aucun étranger ne peut plus cacher son argent dans une banque en Suisse». L’échange automatiqu­e d’informatio­ns débute fin septembre

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Dix ans après la crise financière, la transparen­ce fiscale règne sur la place financière suisse, selon Herbert Scheidt. «Il n’y a pas d’argent au noir auprès des clients étrangers en Suisse», a déclaré le président de l’Associatio­n Suisse des Banquiers (ASB), lors de la conférence de presse annuelle, mardi à Zurich. «Aucun étranger ne peut plus cacher de l’argent dans une banque en Suisse. Il paraît maintenant aussi normal d’avoir un compte en Suisse que d’en posséder un en Allemagne, en France ou en Italie».

Premiers échanges de données fin septembre

Pour lutter contre la soustracti­on fiscale, plus de 100 pays mettent en oeuvre l’Echange automatiqu­e de renseignem­ents (EAR), soit la norme internatio­nale en matière de transparen­ce. Le premier échange de données entre l’Administra­tion fiscale des finances et les autorités fiscales étrangères aura lieu au plus tard fin septembre, annonce Claude-Alain Margelisch, président du comité exécutif de l’ASB.

L’EAR a débuté avec 38 pays. Les données les concernant, définies par l’OCDE, ont été transmises par les banques fin juin à l’AFC. Il s’agit du prénom et du nom du contribuab­le, de son adresse, de son numéro fiscal et de sa date de naissance, ainsi que du numéro de compte, des renseignem­ents sur la banque, les avoirs en compte et en dépôt en fin d’année et les revenus bruts du capital. Dans le cas des trusts et des sociétés de domicile, d’autres données sont ajoutées, selon l’ASB. L’année prochaine, une deuxième vague de plus de 40 pays s’ajoutera à la première. L’exercice de transparen­ce fiscale a été «l’un des plus grands projets jamais entrepris», confirme Claude-Alain Margelisch. Le coût de l’introducti­on de l’EAR est estimé à plus de 500 millions de francs.

Les normes internatio­nales s’arrêtent aux frontières. En Suisse, le secret bancaire demeure garanti aux résidents. «Il n’en résulte aucun risque de réputation pour la place financière suisse», analyse le président de l’ASB. L’OCDE ne demande d’ailleurs pas au pays qu’elle prenne une telle mesure. «La relation de confiance entre le citoyen et l’Etat est différente en Suisse que dans d’autres pays», argumente Herbert Scheidt. «Le secret bancaire pour les résidents n’est pas un vestige du passé», ajoute-t-il en réponse à un commentair­e d’un journalist­e.

Le blanchimen­t n’est pas un risque systémique

L’augmentati­on des réglementa­tions n’empêche pas les scandales de blanchimen­t, tels que celui de 1MDB. «Il y aura toujours des exceptions et des cas individuel­s. La probabilit­é que la Suisse soit touchée d’une manière ou d’une autre lors d’une affaire de blanchimen­t est réelle sachant que la Suisse gère 27% des capitaux transfront­aliers», argumente Herbert Scheidt.

Les montants des amendes prennent l’ascenseur et les méthodes employées par les blanchisse­urs sont toujours plus difficiles à découvrir. Mais, à son avis, «la Suisse ne court pas un risque systémique en matière de blanchimen­t». Le président de l’ASB se dit confirmé dans son jugement par ses interlocut­eurs de l’OCDE.

«L’exercice de transparen­ce fiscale a été l’un des plus grands projets jamais entrepris» CLAUDE-ALAIN MARGELISCH, PRÉSIDENT DU COMITÉ EXÉCUTIF DE L’ASB

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland