A Paris, Alain Berset insiste sur les convergences franco-suisses
VISITE Le président de la Confédération était reçu mercredi par Emmanuel Macron à l’Elysée. Les questions européennes ont dominé la discussion
Comment va la France, un an et demi après l'élection d'Emmanuel Macron? Alain Berset n'a pas posé la question lors de son entrevue, mercredi, avec son homologue au palais de l'Elysée. «Nous n'avons pas abordé de questions strictement intérieures, à l'exception du débat actuel au parlement suisse sur la réforme de la fiscalité des entreprises», a expliqué le président de la Confédération.
Exit, donc, les comparaisons entre ces deux voisins qui partagent tant, d'un point de vue historique et économique. «Quand on regarde les chiffres en début d'entretien, cela résume tout, a poursuivi le conseiller fédéral. La première France hors de France est en Suisse. La première Suisse hors de Suisse est en France». Fermez le ban.
Deux sujets principaux
La conversation entre présidents s'est dès lors surtout focalisée sur deux sujets: la situation internationale et le multilatéralisme, dont la France comme la Suisse sont d'ardents défenseurs; et le dossier européen avec, en toile de fond, l'actuelle négociation sur un accord institutionnel entre Berne et Bruxelles.
Preuve que le soutien de Paris est recherché par la Suisse, le secrétaire d'Etat chargé du dossier, Roberto Balzaretti, était présent. Discours rodé, là aussi: «J'ai expliqué au président Macron que nous avons besoin, en Suisse, sur ces questions, de trouver un équilibre», a complété Alain Berset en maniant le chaud et le froid.
Côté chaud: le 1,3 milliard de francs pour la cohésion de l'Union, que la Confédération garde en réserve comme un levier de discussion. Côté froid: la question sensible de l'équivalence boursière renouvelée pour un an seulement en décembre 2017 par les 28 Etats-membres de l'UE, et évoquée durant la discussion car elle arrive bientôt à échéance. «Notre intérêt est que l'accord institutionnel à venir couvre le plus de sujets possible», a poursuivi le chef du Département de l'intérieur, qui a redit sa ligne rouge: «Si on ne comprend pas le fait que nous avons besoin d'un soutien dans le pays, on n'accepte pas nos institutions».
Le problème du Brexit
Pour le reste? Une visite plus prospective que directement tournée vers les solutions aux problèmes existants. Le Brexit? «J'ai confirmé l'évidence: personne ne peut douter aujourd'hui qu'il pose à la Suisse un problème supplémentaire dans ses relations avec l'Union». Les relations bilatérales en matière de défense? «Nous avons évoqué le remplacement de nos avions de combat. Mais j'ai redit que nous sommes de nouveau au tout début du processus». Le maintien controversé de Tariq Ramadan en détention préventive par la justice française depuis février 2018? «C'est une affaire consulaire qui est gérée à ce niveau. nous n'en avons pas parlé».
La seule nouvelle parait, au final, être le retour programmé d'Alain Berset à Paris dans quelques semaines. Le conseiller fédéral assistera, le 11 novembre, aux commémorations du centenaire de la fin de la première guerre mondiale et au sommet de Paris sur la paix organisé dans la foulée. «La Suisse n'est évidemment pas invitée comme puissance belligérante, mais pour sa grande tradition humanitaire», a précisé Alain Berset. Une tradition qui l'a aussi amené à évoquer avec Emmanuel macron les actuelles tragédies humanitaires en Syrie, au Yémen et la douloureuse question des migrants au Liban.
Routine présidentielle
Une heure pile d'entretien. Et pas d'autres résultats à brandir qu'une meilleure compréhension mutuelle. Après Alain Berset, Emmanuel Macron a aussitôt quitté l'Elysée pour le château de Versailles, où il recevait hier soir en grande pompe le prince hériter du Japon. Le conseiller fédéral, lui, avait dans la matinée pris le temps de visiter l'atelier du sculpteur suisse Alberto Giacometti, auquel le Musée Maillol consacre une exposition à partir du 14 septembre à Paris, et l'espace culturel alternatif le 104. L'Elysée? Une routine présidentielle franco-suisse.
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