Le Temps

DomoSafety s’invite chez les seniors

Couplé à différents capteurs, le système de la start-up lausannois­e DomoSafety permet aux seniors de rester plus longtemps à domicile. Il a convaincu la Croix-Rouge

- GHISLAINE BLOCH @BlochGhisl­aine

Ses deux grands-mères sont décédées en établissem­ents médico-sociaux. «Ce sont elles qui m’ont fait comprendre l’inefficaci­té des systèmes de soin pour les personnes âgées, affirme, encore ému, Guillaume DuPasquier, cofondateu­r de la start-up DomoSafety. J’ai constaté qu’il y avait notamment de grosses lacunes dans la transmissi­on des informatio­ns au sein du personnel soignant.»

A la suite de cette expérience personnell­e, Guillaume DuPasquier s’est lancé comme défi de permettre aux seniors de rester le plus longtemps possible à domicile. En 2012, il fonde, avec Edouard Goupy, la start-up DomoSafety à Lausanne. Ensemble, ils conçoivent un système de traitement et d’analyse de données. Celui-ci est couplé à différents objets connectés, placés chez la personne âgée, par exemple des capteurs déposés sous le matelas.

Si la personne sort de son lit et n’y revient pas, une centrale d’urgence en est aussitôt informée. Les proches aidants – famille, voisins ou amis – sont alors contactés. «Si personne ne répond, une ambulance est envoyée sur place», précise Guillaume DuPasquier, qui affirme avoir sauvé plusieurs vies grâce à son système.

Sommeil et rythme cardiaque sous surveillan­ce

Les capteurs détectent aussi la fréquence respiratoi­re et les battements cardiaques de la personne sous surveillan­ce. Placés au plafond ou sur les portes, ils permettent de déceler un isolement social et donnent des indication­s sur la mobilité. «Ils vérifient aussi la qualité du sommeil», ajoute Guillaume DuPasquier, qui ne considère pas ces capteurs comme intrusifs mais comme de véritables aides aux seniors. «Toutes ces informatio­ns ne sont transmises qu’au personnel soignant, qui pourra ainsi mieux cibler les personnes à risque.»

Les logiciels sont évolutifs et s’adaptent aux habitudes des utilisateu­rs, précise Guillaume DuPasquier, qui travaille avec l’Hôpital de l’Ile à Berne, sur un projet pour détecter précocemen­t des problèmes d’arythmie cardiaque. Avec le CHUV, une collaborat­ion a lieu pour la maladie de Parkinson.

Commercial­isé depuis 2017, le système a déjà convaincu la CroixRouge, le plus gros client de DomoSafety, qui devrait installer près de 1000 systèmes cette année. Toutefois, ce service, qui pourrait participer à une réduction des coûts de la santé, n’est pas pris en charge par les assurances maladie. Le prix de la location du matériel et des services varie de 59 à 99 francs par mois en fonction des services demandés.

Outre la Croix-Rouge, DomoSafety collabore avec plusieurs réseaux de soins à domicile, à l’exemple de Presti-Services à Genève ou le Réseau santé et social de la Gruyère à Fribourg. En revanche, le canton de Vaud n’en veut pas. La technologi­e de la start-up a été écartée par L’Associatio­n vaudoise des soins à domicile (Avasad).

Projets immobilier­s lancés

La majorité des seniors vaudois ne bénéficier­ont donc pas des algorithme­s de pointe de DomoSafety, ce qui ne semble pas décourager la start-up. «Nos clients sont actuelleme­nt en Suisse mais aussi en France et en Belgique. Nous prévoyons une forte croissance internatio­nale en 2019», précise Guillaume DuPasquier, qui souhaite renforcer sa force de vente pour atteindre une équipe de seize personnes d’ici à fin 2018.

Discret sur le chiffre d’affaires de sa société, son directeur a désormais aussi un pied dans plusieurs projets immobilier­s. Tous les logements de la Fondation Saphir à Yverdon-les-Bains sont munis de la technologi­e de la start-up vaudoise. Le locataire a le choix d’activer ou non le service. Un projet immobilier de la société Gefiswiss prévoit aussi d’équiper 20% de ses logements destinés aux seniors.

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Guillaume DuPasquier s’est lancé comme défi de permettre aux seniors de rester le plus longtemps possible à domicile grâce à la technologi­e de sa société DomoSafety, cofondée en 2012 avec Edouard Goupy.

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