Derrière le Röstigraben, une carte classique d’opposition gauche-droite
Si la thématique autour de l’initiative «Fair Food» (pour des aliments équitables) semblait pouvoir transcender les oppositions politiques classiques, mélangeant allégrement questions agricoles, écologie et rapport à l’étranger, le résultat de la votation est finalement assez classique. Au premier abord, c’est le Röstigraben qui saute aux yeux. Les quatre cantons acceptants sont tous romands; si Fribourg, le Valais et le Tessin refusent, le pourcentage des oui y est nettement plus fort qu’en Suisse alémanique – au total, il s’agit là de la carte la plus clivée entre Latins et Alémaniques depuis plusieurs années.
Derrière cette première opposition toutefois, on retrouve une carte plus classique gauche-droite, qui recoupe d’ailleurs le Röstigraben: les communes de gauche sont plus acceptantes que celles de droite. Ainsi, en Suisse alémanique, où la ville de Berne accepte et les grands centres refusent moins nettement l’initiative que dans les campagnes; les régions les plus opposées du pays sont les bastions du conservatisme alémanique, notamment en Suisse centrale et en Haut-Valais. En Suisse romande, les régions qui refusent sont également des régions de droite, alors que les villes, Lausanne en tête, plébiscitent.
On notera en conclusion que la carte montre une Suisse classique, mais inversée d’un certain point de vue: une initiative pourtant assez protectionniste est ainsi plébiscitée par la Suisse «ouverte», mais massivement rejetée par les cantons les plus conservateurs du pays.