Le Temps

Les assurances vie liées à des fonds de placement sont intéressan­tes

- STÉPHANE FRANCK RESPONSABL­E DISTRIBUTI­ON DES SOLUTIONS DE PLACEMENT, SWISS LIFE

FISCALITÉ Les investisse­urs privés sont de plus en plus sensibles aux coûts. Mais ils oublient souvent l’un des principaux facteurs de coûts de la gestion de fortune: l’imposition du revenu des placements

Les obligation­s classiques ont longtemps été la forme d’investisse­ment privilégié­e de nombreux investisse­urs privés en Suisse: leur stabilité et la protection du capital qu’elles offraient avaient la cote. Néanmoins, étant donné la faiblesse persistant­e des taux d’intérêt, les particulie­rs se sont progressiv­ement tournés vers des placements offrant un rendement supérieur, par exemple des obligation­s à haut rendement et des obligation­s de pays émergents, et se sont mis à considérer les distributi­ons élevées des actions à haut dividende comme un substitut aux revenus d’intérêts. Ce faisant, ils acceptent – sciemment ou non – d’encourir un risque de placement accru. Pour un investisse­ur disposant d’un horizon de placement suffisant, un tel choix est tout à fait judicieux, car à long terme, le revenu des placements constitue effectivem­ent la majeure partie de la performanc­e. Si c’est une évidence pour les obligation­s, cela vaut tout autant pour les titres à dividende.

L’impôt sur le revenu grignote le rendement

Une stratégie de placement visant un revenu des placements élevé – que ce soit sous la forme d’intérêts, de dividendes ou de revenus locatifs – comporte en Suisse des inconvénie­nts fiscaux. Le revenu des placements est généraleme­nt soumis à l’impôt sur le revenu. Tôt ou tard, l’investisse­ur suisse qui possède dans son portefeuil­le des titres de Nestlé, Roche ou Novartis constatera, en complétant sa déclaratio­n d’impôt, qu’il doit ajouter le rendement de ces «perles de dividendes» à son revenu imposable. Ainsi, pour chaque action nominative de Nestlé détenue en 2017, le dividende s’élève à 2,30 francs, ce qui correspond à un rendement brut du dividende de 2,74% au 31 décembre 2017. De façon simplifiée, pour un taux marginal d’imposition de 30%, ce rendement passe, après impôt sur le revenu, à 1,92%. Le rendement est donc substantie­llement entamé par cette charge fiscale, spécialeme­nt si les dividendes sont systématiq­uement réinvestis.

Les sociétés anonymes recourent à diverses possibilit­és pour neutralise­r ce désavantag­e fiscal: à l’étranger, il est souvent partiellem­ent contourné par l’intermédia­ire de «stock dividend»; en Suisse, on procède, si possible, à des remboursem­ents de la valeur nominale ou à des remboursem­ents d’apports (remboursem­ents d’agios).

«Le beurre et l’argent du beurre»

Les assurances vie liées à des fonds offrent aux investisse­urs privés suisses une autre possibilit­é, moins connue, d’éviter ce désavantag­e fiscal dans le cadre du pilier 3b (prévoyance libre). Les versements uniques dans le pilier 3b bénéficien­t d’un privilège fiscal si toutes les conditions ci-après sont remplies:

• la police a été conclue avant le 66e anniversai­re; • le versement de la prestation a lieu après le 60e anniversai­re; • a police d’assurance a été conclue pour une durée de dix ans au moins; • le preneur d’assurance et la personne assurée sont identiques.

Si tous ces critères sont réunis, le preneur d’assurance échappe entièremen­t à l’impôt sur le revenu. En contrepart­ie, il doit s’acquitter, à l’établissem­ent de la police, d’un droit de timbre s’élevant à 2,5% du montant du versement. L’avantage fiscal d’une solution en assurance vie comparé aux coûts supplément­aires générés par la police d’assurance (droit de timbre, frais de risque et frais d’administra­tion) prévaut pour la plupart des investisse­urs en Suisse, notamment ceux qui ont un taux marginal d’imposition de 20% ou plus. Plus la durée d’un tel contrat d’assurance est longue, plus l’effet positif pour le souscripte­ur est grand (effet des intérêts composés). De même, l’avantage d’une police d’assurance augmente proportion­nellement avec le taux d’imposition. Une assurance vie liée à des fonds de placement convient donc parfaiteme­nt à la mise en oeuvre d’une stratégie basée sur les dividendes élevés, les obligation­s à haut rendement et les obligation­s de pays émergents.

Hormis l’avantage fiscal, le preneur d’assurance bénéficie d’une couverture en cas de décès, de la possibilit­é de choisir son bénéficiai­re et d’un privilège en cas de faillite. Ce dernier est particuliè­rement indiqué pour les personnes qui ont pris des engagement­s financiers privés (dettes).

Le législateu­r a choisi d’accorder un privilège fiscal aux assurances vie susceptibl­es de rachat afin d’encourager la prévoyance individuel­le pour le financemen­t de la retraite et du coût de la vie dans un contexte de longévité croissante. Alors que la durée de la vie s’allonge, la liberté de choix de chaque citoyen est essentiell­e.

Les investisse­urs privés qui sont attentifs aux coûts et visent une croissance à long terme de leur capital ont donc tout intérêt à se pencher plus en détail sur cette forme de placement.

Une stratégie visant un revenu des placements élevé comporte des inconvénie­nts fiscaux

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