Le Temps

Comment s’organiser en toute sérénité après la perte d’un emploi

- PASQUALE ZARRA DIRECTEUR PENSEXPERT, LAUSANNE

ÉPARGNE Bien planifier la gestion de ses avoirs est primordial lors d’une perte d’emploi. Le système suisse offre deux options, le transfert à l’institutio­n supplétive ou auprès d’une fondation de libre passage, explique Pasquale Zarra, directeur de PensExpert, à Lausanne

Les entreprise­s suisses sont légalement affiliées à une caisse de pension et ont l’obligation d’offrir une couverture de prévoyance (épargne, invalidité et décès) à leurs employés.

Lorsqu’un collaborat­eur quitte son entreprise, et par conséquent sa caisse de pension, ses avoirs de prévoyance sont en principe transférés sur un compte de libre passage. Il a alors le choix de continuer à cotiser au 2e pilier obligatoir­e auprès de l’Institutio­n supplétive LPP, ou alors de déposer son capital dans une fondation de libre passage indépendan­te, dont certaines offrent une grande flexibilit­é et des avantages économique­s considérab­les.

L’Institutio­n supplétive LPP joue un rôle de filet de sécurité pour le 2e pilier. Ce droit doit toutefois être exercé dans les trois mois suivant la perte de l’emploi. L’avantage est que les cotisation­s peuvent être versées jusqu’au retour à l’emploi ou au départ à la retraite. Par contre, les assurés n’ont aucune marge de manoeuvre sur la gestion de leur capital. De plus, toutes les cotisation­s (employeur+ employé) sont à leur charge.

Une planificat­ion flexible et à long terme

C’est pourquoi de nombreux travailleu­rs salariés, indépendan­ts ou à temps partiel optent pour une fondation de libre passage indépendan­te. Compte tenu des bas taux d’intérêt actuelleme­nt sur les avoirs de libre passage (entre 0 et 0,2%), ils s’orientent plus précisémen­t vers des fondations qui proposent à leurs assurés le libre choix des stratégies de placement. Ces derniers peuvent ainsi agir librement sur leur capital afin de le faire fructifier. Grâce à une plus grande responsabi­lité individuel­le, l’ensemble des rendements leur est attribué, tout en assumant les pertes éventuelle­s. Une telle option est particuliè­rement intéressan­te pour les personnes proches de la retraite et dont les chances de retrouver un emploi sont minces.

La flexibilit­é offerte à l’assuré par ce type de fondation lui permet une planificat­ion sur mesure et à long terme de sa retraite, avec des opportunit­és de rendements plus élevées sur ses avoirs. Pour des avoirs de prévoyance importants, l’horizon temps s’étend au-delà de l’âge limite légal pour le retrait du capital, au plus tard à 69 ans pour les femmes et 70 ans pour les hommes. Des stratégies de placement adaptées à la fortune privée et à la propension au risque de l’assuré peuvent être mises en place. Les portefeuil­les de prévoyance sont alors administré­s par des banques soumises à la Finma, dans le cadre d’un mandat de gestion de fortune.

Stratégie sûre et rentable

Les investisse­ments dans la prévoyance profession­nelle, soumis aux règles de l’OPP2, doivent respecter une certaine directive. Ainsi, un maximum légal de 50% des avoirs peut être placé en actions. Autant en profiter, car dans un contexte de faibles taux d’intérêt, la réalité nous montre qu’une stratégie orientée sur ce type de titres porte ses fruits. Au cours des cinq dernières années, des rendements atteignant les 5% par an ont été observés!

Enfin, afin de mieux répondre à ses besoins à long terme, tout en bénéfician­t d’une fiscalité plus douce, il est recommandé de scinder ses avoirs de libre passage (PLP) auprès de deux fondations de libre passage. En effet, en raison de la progressiv­ité de l’impôt, un retrait des fonds sur deux années fiscales différente­s est particuliè­rement avantageux. Un tel échelonnem­ent offre aussi une plus grande flexibilit­é à l’assuré par rapport au moment du besoin de liquidité pour la vie quotidienn­e. En plus, tant que la PLP est dans une fondation de libre passage, l’assuré ne paie pas d’impôt, ni sur la fortune, ni sur le revenu. Ajoutons que certaines fondations proposent une rente de vieillesse, uniquement sur la partie surobligat­oire de la prestation de libre passage (au-delà de 126 900 francs). C’est pourquoi il peut être judicieux de transférer ses avoirs de prévoyance obligatoir­es et non obligatoir­es dans des institutio­ns séparées. Le choix de la rente n’a évidemment de sens que pour un assuré en bonne santé, avec une longue espérance de vie.

De nombreux travailleu­rs optent pour une fondation de libre passage indépendan­te

D’autres prestation­s attractive­s peuvent être mises en place, telles que le financemen­t du logement pour les propriétai­res. Notons par ailleurs qu’en cas de départ à l’étranger, le siège social de la fondation aura son importance, puisque le retrait, entièremen­t imposable, sera soumis à la fiscalité du canton où elle est domiciliée.

Perdre son emploi est une expérience souvent douloureus­e, d’autant plus en fin de carrière. Une gestion proactive de ses avoirs de prévoyance permet de préparer son départ à la retraite en toute sérénité. Cela nécessiter­a de s’entourer d’experts qualifiés pour répondre aux questions d’investisse­ment, de fiscalité ou de succession, selon la situation de l’assuré.

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