Le Temps

Le TPF juge un trafic d’armes suisses pour la ’Ndrangheta

- GEMMA D’URSO, BELLINZONE t @GemmadUrso

Un Biennois d’origine calabraise est accusé de participat­ion à une organisati­on criminelle devant les juges de Bellinzone

Un employé de Longeau, près de Bienne (BE), va comparaîtr­e dès mardi devant le Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone pour répondre des accusation­s de participat­ion à une organisati­on criminelle, recel, infraction aux lois fédérales sur les armes et les stupéfiant­s. Ce sexagénair­e d’origine calabraise est soupçonné d’être affilié à la ’Ndrangheta, considérée comme l’un des plus puissants clans mafieux du monde.

Quelques mois après les arrestatio­ns de membres de la ’Ndrangheta calabraise en Valais, cette organisati­on qui a étendu ses ramificati­ons dans le nord de l’Italie avant de pénétrer au Tessin puis dans le reste de la Suisse refait parler d’elle. Selon le volumineux acte d’accusation du procureur fédéral Sergio Mastroiann­i, C.L., 61 ans, né en Calabre mais résidant dans la région biennoise, aurait participé dès 2003 et jusqu’en 2011 au moins à diverses opérations mises sur pied par l’organisati­on en Suisse et en Italie.

Pour ce qui est de l’accusation la plus grave, l’accusé aurait fourni aux membres de la ’Ndrangheta des armes achetées illégaleme­nt en Suisse, cela durant au moins cinq ans, entre 2005 et 2010, en agissant sur ordre de chefs locaux de clans opérant aux alentours de Milan. C.L. récoltait l’argent en Italie sous forme de chèques avant de se procurer les armes en Suisse. Il se chargeait ensuite de les transporte­r lui-même jusqu’en Calabre. Il les dissimulai­t dans les voitures qu’il utilisait à chacun de ses voyages. Selon le Ministère public de la Confédérat­ion, l’homme savait parfaiteme­nt que les armes étaient destinées aux activités criminelle­s des clans ’ndrangheti­stes des provinces de Catanzaro et Reggio de Calabre notamment.

Extorsion et menaces

En contrepart­ie, C.L. aurait obtenu de la part des clans lombards des mandats de surveillan­ce armée de champs de cannabis en Suisse, dans le canton de Berne notamment. Participan­t personnell­ement aux réunions de la ’Ndrangheta en Lombardie, l’employé de Longeau, qui semblait au-dessus de tout soupçon, aurait aussi joué les intermédia­ires pour un important trafic de dizaines de kilos de marijuana et de cocaïne. Il aurait en outre apporté son aide à des membres des clans locaux pour des extorsions, des menaces ou des déprédatio­ns visant les biens de clans rivaux. Auparavant, on lui attribue un rôle important dans l’affaire du «Crime de Turin», soit une série d’actions violentes menées par la ’Ndrangheta à Turin et dans sa banlieue de 2003 à 2004.

En outre, selon le procureur fédéral, C.L. se serait également rendu maintes fois en Calabre pour prendre part à d’importante­s rencontres de l’organisati­on criminelle et à l’affiliatio­n de nouveaux membres. L’employé de Longeau, marié et père de famille, doit encore répondre de recel pour avoir acquis un revolver qu’il savait volé, ainsi que d’infraction à la loi fédérale sur les armes et les munitions pour avoir possédé plusieurs revolvers et cartouches à son domicile sans être au bénéfice d’un port d’armes.

Le procès devrait durer jusqu’au 12 octobre.

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