Le Temps

Le pire n’est jamais certain

- GLOBAL MARKET STRATEGIST, J.P. MORGAN ASSET MANAGEMENT

Il y a dix ans, la faillite de Lehman Brothers plongeait l’économie mondiale et les marchés financiers dans l’une des pires crises de leur histoire. Au-delà de la faillite d’une banque «systémique» et des pertes financière­s qu’elle a engendrées, c’est la faillite de tout un système, incapable d’anticiper et de gérer de tels risques, qui a suscité la défiance des investisse­urs.

Aujourd’hui, le traumatism­e demeure encore important dans leur esprit en raison, d’une part, des nombreuses «répliques» de la crise, à l’instar de la crise européenne en 2011, et, d’autre part, du fait qu’ils sont conscients que les politiques monétaires menées pour en venir à bout ont peut-être involontai­rement semé les germes de la prochaine crise.

Pas d’exubérance irrationne­lle

Ainsi, malgré les records enregistré­s par Wall Street, les investisse­urs n’ont cessé de réduire le risque au sein de leur portefeuil­le. C’est ce que révèlent les données de l’OCDE sur l’allocation du patrimoine financier des ménages puisque, ces dix dernières années, les dépôts et les fonds de pension sont les seules catégories à avoir progressé dans le portefeuil­le des ménages, et ce, au détriment des actions et des obligation­s.

Les investisse­urs demeurent donc à l’évidence toujours positionné­s pour le «pire». Pourtant, s’il est certain que nous traversero­ns, tôt ou tard, une nouvelle récession, il est moins sûr en revanche qu’elle sera aussi intense et pénalisant­e pour les marchés financiers que celle de 2008.

En effet, la régulation du système financier mondial a été sensibleme­nt renforcée, la majorité des économies mondiales ont retrouvé le chemin de la croissance et l’on n’observe pas encore de signes d’«exubérance irrationne­lle» sur les marchés financiers.

L’équilibre plutôt que la prudence

Si le pire n’est donc pas certain, il n’en reste pas moins nécessaire de renforcer la résilience de son portefeuil­le, à mesure que nous approchons de la fin du cycle. A cet égard, les chiffres de l’OCDE sur l’évolution du patrimoine financier des ménages depuis 1995 viennent confirmer un postulat largement partagé dans le monde de la gestion d’actifs: avoir un portefeuil­le équilibré et bien diversifié est le meilleur moyen de renforcer la résilience de son portefeuil­le tout en s’assurant une croissance de son patrimoine.

En effet, l’étude comparée de l’évolution du patrimoine financier des ménages américains (profil risqué), européens (profil équilibré) et japonais (profil défensif ) depuis 1995 montre que c’est le patrimoine financier des ménages européens qui a cru le plus vite, et ce, malgré le fait que l’Europe ait connu davantage de récessions que les EtatsUnis sur cette période.

Dans le contexte incertain que nous connaisson­s actuelleme­nt, il convient donc plus que jamais de garder ce fait à l’esprit. Nous continuons ainsi à privilégie­r les actions, mais nous avons également graduellem­ent augmenté le poids des obligation­s américaine­s ces derniers mois afin de pouvoir continuer à conjuguer résilience et croissance dans nos solutions d’investisse­ment.

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VINCENT JUVYNS

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