Le Temps

La nouvelle insulte à Wall Street: «Espèce de Lehman!»

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Anniversai­re de la crise financière oblige, Lehman Brothers est à la mode ces temps-ci. On ne compte plus – y compris dans ce journal – les analyses sur les causes, conséquenc­es et suites possibles de la faillite d’un des ténors de Wall Street (jusqu’au 15 septembre 2008). A New York, Lehman est presque devenu un mot commun. Une sorte d’insulte dans les milieux financiers.

Le gérant de hedge fund David Einhorn en a usé vendredi, pour comparer Tesla et Lehman. Les deux entreprise­s auraient de «nombreux parallèles»: des menaces lancées contre les vendeurs à découvert (dont fait partie Einhorn), le refus de lever du capital et un management qui suggère que la société soit sortie de la bourse.

En mai 2008, Einhorn avait publiqueme­nt critiqué la comptabili­té de Lehman Brothers, en particulie­r concernant l’immobilier, et avait affirmé que la banque d’affaires avait besoin de nouveaux capitaux, rappelle l’agence Reuters. Quatre mois plus tard, Lehman tombait après que son action avait perdu trois quarts de sa valeur en neuf mois.

Dimension psychologi­que

L’action Tesla a chuté de 30% depuis le 8 août. Soit un peu plus que la perte du principal fonds de David Einhorn entre janvier et septembre (-25%). Ce dernier affirme néanmoins que la vente à découvert des actions Tesla a été sa deuxième position la plus lucrative au cours du troisième trimestre. Une attaque contre le constructe­ur automobile l’aide dans sa stratégie.

L’argumentat­ion de David Einhorn a pris une dimension psychologi­que, lorsqu’il a suggéré que le comporteme­nt d’Elon Musk prouvait que ce dernier était abattu et qu’il faisait «de son mieux pour être soulagé de son poste de directeur général», de manière à ne pas devoir rendre de comptes. Une référence au tweet qui annonçait début août que le financemen­t était assuré pour sortir Tesla du marché.

Pour cette annonce illégale (et fausse), Tesla a reçu une amende de 20 millions de dollars et Elon Musk a dû quitter sa fonction de président (il peut néanmoins demeurer CEO), a décidé la SEC, le gendarme des marchés américain. Une SEC qu’Elon Musk, décidément joueur, renommait cinq jours plus tard la Shortselle­r Enrichment Commission, la commission d’enrichisse­ment des vendeurs à découvert.

On est assez loin du comporteme­nt du CEO de Lehman, Dick Fuld, en 2008. «Le gorille» (son surnom) était capable de déclarer qu’il arracherai­t le coeur des vendeurs à découvert. Le surnom de Musk? Un bien plus doux Energizer, comme le lapin d’une célèbre publicité pour des piles, à cause de son hyperactiv­ité (pas seulement sur Twitter).

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SÉBASTIEN RUCHE t @sebruche

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