Le Temps

Beqom, la PME romande qui évite les discrimina­tions salariales

- GHISLAINE BLOCH t @BlochGhisl­aine

La PME établie à Nyon figure parmi les six finalistes du Prix Swiss Venture Club. Elle travaille avec des multinatio­nales telles que Microsoft, Vodafone ou Swisscom

L’ancien siège de l’ex-SBS à Nyon, au coeur de la ville, s’est transformé en entreprise de conception de logiciels spécialisé­e dans la gestion des ressources humaines. Ce bâtiment historique du XIXe siècle est aujourd’hui un open space où s’activent une cinquantai­ne d’employés dans une ambiance décontract­ée et polyglotte. Ils sont en contact avec les plus grandes entreprise­s de la planète, à qui Beqom fournit des logiciels de gestion des ressources humaines, empreints d’intelligen­ce artificiel­le.

L’entreprise vaudoise s’adresse uniquement aux multinatio­nales, aussi bien Microsoft, ExxonMobil, Mercedes Benz, Vodafone que Pepsico, ou Swisscom en Suisse. Pourquoi uniquement les grandes entreprise­s? «Parce qu’elles ont des besoins plus sophistiqu­és, par exemple le besoin de gérer la rémunérati­on de leurs employés de manière centralisé­e alors qu’elles travaillen­t dans plusieurs pays et doivent faire face à différente­s réglementa­tions nationales. Parallèlem­ent, elles voient la rémunérati­on comme un facteur de différenci­ation face à la concurrenc­e qui permet d’attirer les meilleurs talents», explique Fabio Ronga, directeur général de l’entreprise. Parallèlem­ent, il prend en compte les performanc­es individuel­les par rapport aux objectifs à atteindre, celles de l’équipe, du départemen­t et de la société. «Nos logiciels évitent toute discrimina­tion en fonction du sexe. Il n’est plus possible de fixer arbitraire­ment un salaire», précise Fabio Ronga, qui a pu compter Microsoft parmi ses premiers clients. Créée en 2009, la société vaudoise a ouvert son bureau américain en 2012 pour aussitôt signer avec le géant de l’informatiq­ue face à treize concurrent­s en lice. «C’est notre produit, mais surtout notre équipe qui a fait la différence», donne-t-il comme explicatio­n.

Fabio Ronga a créé Beqom avec plusieurs anciens collègues d’OutlookSof­t, la première société qu’il avait cofondée aux Etats-Unis et qui a été revendue en 2007 à l’éditeur allemand SAP pour plusieurs centaines de millions de francs. Aucun d’entre eux n’était initialeme­nt particuliè­rement intéressé par les logiciels de rémunérati­on. «Nous avons réalisé qu’il y avait une opportunit­é de marché en constatant que les responsabl­es des ressources humaines chez SAP utilisaien­t encore des logiciels comme Excel pour gérer les salaires», se souvient Fabio Ronga.

Le savoir-faire des fondateurs de Beqom résidait essentiell­ement dans la conception de logiciels pour les grandes entreprise­s, métier qu’ils exerçaient au sein de leur précédente société, OutlookSof­t. Après la vente de cette entreprise, ils ont décidé de réitérer l’aventure en Suisse, pays où Fabio Ronga a grandi et étudié à HEC Lausanne.

Beqom préfère Nyon à la Silicon Valley. «Aux Etats-Unis, c’est plus difficile de fidéliser ses employés face à la concurrenc­e. Et c’est aussi plus compliqué de trouver des personnes qui maîtrisent deux langues et pensent globalemen­t», constate Fabio Ronga. Aujourd’hui la PME emploie 150 personnes, dont 50 à Nyon. Rapidement, l’entreprise devrait compter 200 employés au sein de ses neuf bureaux.

Chiffre d’affaires récurrent

Au niveau mondial, il y a environ 5000 multinatio­nales. Beqom travaille seulement avec 3% d’entre elles mais s’est fixé comme objectif d’augmenter ce pourcentag­e à 10%. «Environ 85% de notre chiffre d’affaires est récurrent. Nous ne vendons pas nos logiciels mais concluons des contrats pluriannue­ls. C’est un modèle qui nous permet de dormir la nuit et d’offrir une visibilité sur l’avenir», dit Fabio Ronga, qui a, par exemple, signé un contrat de 20 millions avec l’une des plus grandes banques européenne­s portant sur neuf ans.

Autofinanc­ée jusqu’en 2014, la société est soutenue financière­ment par Goldman Sachs, qui détient un tiers du capital. Swisscom Ventures et Renaissanc­e PME ont aussi investi dans cette entreprise. Elle demeure encore majoritair­ement en mains de son équipe de direction. D’ici à 2020, la société espère atteindre un chiffre d’affaires de 125 millions. Mais Fabio Ronga ne cache pas une réalité: d’ici à quelques années, Beqom sera rachetée ou fera son entrée en bourse.

«Les multinatio­nales ont par exemple besoin de gérer la rémunérati­on de leurs employés de manière centralisé­e alors qu’elles travaillen­t dans plusieurs pays»

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Fabio Ronga, directeur de Beqom, une société vaudoise qui crée des logiciels de gestion des ressources humaines pour les plus grandes sociétés de la planète.

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