Le Temps

Un spectacle pour sortir les jeunes de l’impasse

- VIRGINIE NUSSBAUM @VirginieNu­ss Spectacle par la fondation Children Action.

Depuis plus de vingt ans, la fondation Children Action s’engage pour lutter contre le suicide des jeunes à Genève. Lundi prochain, elle organise une soirée entre humour, magie et chansons pour récolter des fonds

C’est la première cause de mortalité chez les 15-29 ans en Suisse: selon les dernières statistiqu­es de l’Office fédéral de la statistiqu­e, le suicide des jeunes a passableme­nt crû depuis 2011, dépassant aujourd’hui en nombre les accidents de la route.

Pourtant, le sujet reste relativeme­nt tabou, y compris au sein du monde hospitalie­r, où il a souvent été négligé. «Des tentatives de suicide peuvent se retrouver banalisées, minimisées ou noyées dans les différents services, quelque part entre la psychiatri­e et les urgences, d’où l’importance d’un dispositif spécifique», note François Ansermet.

Le professeur, qui prend, en 2007, la tête du service de psychiatri­e de l’enfant et de l’adolescent aux HUG, comprend vite qu’il faut offrir à ces jeunes en détresse un espace privilégié. «Le risque existe lorsqu’il y a pic d’angoisse, tension extrême, impasse. Il est primordial que des dispositif­s adaptés existent pour désamorcer la crise émotionnel­le au bon moment.»

C’est à ce moment-là qu’il croise la route de Children Action. Cette fondation genevoise, créée par le financier Bernard Sabrier, travaillai­t depuis 1995 déjà à la prévention du suicide et au soin de jeunes en difficulté à travers l’Unité de crise Malatavie. Ensemble, ils développen­t cette unité en y ajoutant une consultati­on ambulatoir­e intensive. Dès 2008, celle-ci permet d’éviter que les patients ne se coupent totalement de leur réseau scolaire ou ne se retrouvent stigmatisé­s.

Depuis, Children Action continue, aux côtés des HUG, son engagement pour la vie en multiplian­t les initiative­s: ligne téléphoniq­ue, adresse e-mail d’urgence mais aussi AiRe d’ados, réseau visant à mieux informer les profession­nels et les proches. «Cela nous permet de parler le même langage et de créer un filet de sécurité autour de chaque jeune», souligne Stéphanie Kolly, directrice de Children Action. La fondation est venue en aide à 12 000 d’entre eux à Genève depuis ses débuts.

Ouverture sur la cité

Le prochain projet financé par Children Action, pour le moins ambitieux, s’appelle la Maison de l’enfant et de l’adolescent (MEA). Situé au boulevard de la Cluse, le lieu regroupera tous les services touchant à la psychiatri­e des enfants et des adolescent­s, actuelleme­nt éparpillés sur une dizaine de sites. Mais pas seulement: la maison offrira aussi une salle de théâtre polyvalent­e, un cinéma, un studio de radio et de TV. «Les jeunes seront ainsi en contact avec la culture, avec la ville, au lieu d’en être exclus. Le lieu se veut ouvert sur la cité», détaille François Ansermet, qui a participé à la conception de ce projet dont les portes ouvriront en 2023.

En attendant, Children Action est sur le pont. Et pour financer ses activités genevoises, mais aussi ses projets à l’étranger (l’envoi de chirurgien­s au Vietnam, en Birmanie et au Cameroun notamment), la fondation organise lundi prochain une soirée de gala. Au programme, un spectacle animé par un florilège d’artistes: Dany Boon, Michel Boujenah, Elie Semoun, Amir, -M-, ainsi que des mentaliste­s, le tout animé par Arthur. Une soirée qui alliera bonne cause, rires et magie, et pour laquelle une poignée de billets sont encore disponible­s.

■ Bâtiment des forces motrices, lu 15 à 19h45. Billet à 100 francs. Réservatio­ns: www.childrenac­tion-event. org/shop

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