Le Mondial d’improvisation, épreuve sportive
Jusqu’à ce samedi, la Suisse, la France, la Belgique, le Québec et l’Italie s’affrontent dans le grand tournoi théâtral qui a lieu tous les quatre ans à Genève
Une petite médaille pour un petit homme, faire l’amour avec toi, c’est comme remplir une déclaration d’impôt, ou encore l’écho de nos jeunes années. Voici quelques-uns des thèmes imposés au 26e Mondial amateur d’improvisation théâtrale lancé jeudi dernier à Genève, et orchestré par la Fédération d’improvisation genevoise (FIG).
Lundi soir, l’intime salle centrale du Théâtre de la Madeleine a reçu le Québec et la Suisse pour une rencontre au sommet. Les deux équipes, en tête du classement provisoire, s’affrontaient pour la première place du podium. Sous l’égide de Marie Bouvier, enthousiaste maîtresse de cérémonie, 400 personnes ont assisté au match. Un public hilare pour deux heures de show au terme duquel l’équipe de Suisse s’est imposée 6 à 5.
Risque de pénalités
S’il s’agit avant tout d’un spectacle théâtral, la forme des représentations témoigne de la dimension sportive de l’événement. Sous l’oeil expert de Laure Piguet, maîtresse de jeu et ses deux assistants, les équipes doivent respecter une catégorie, un thème, un temps et un nombre de joueurs bien précis sinon des pénalités peuvent s’appliquer. Lundi soir la joute débute par la présentation des hymnes. Alors que le Québec introduit fièrement un medley de succès musicaux canadiens, les Suisses préfèrent mettre en musique un conte sarcastique sur la Confédération helvétique. «Dieu créa le monde et puis la Suisse», annonce en prélude l’un des comédiens.
Une diversité de registres théâtraux se succèdent au cours de la soirée. De la comédie musicale jusqu’au théâtre de l’absurde, les différents comédiens font preuve d’une inventivité presque sans faille. Au cours d’une improvisation libre et mêlant des joueurs de chaque équipe, Suisse et Québec racontent à leur manière l’histoire d’une petite médaille pour un petit homme.
Eric Lecoultre pour l’équipe de Suisse y interprète le rôle d’un père rigide et acariâtre, invalide de guerre. Son fils, interprété par Raphaël Poghetti pour l’équipe québécoise, refuse lui de s’engager. Il préférerait pratiquer sa passion, la gymnastique, au grand dam de son père. Jusqu’au jour où le Ministère des affaires étrangères du pays vient annoncer à ce vieux monsieur désespéré que l’une des chorégraphies de son fils a permis de sauver le pays et lui remet une médaille.
«Quelques matchs d’entraînement»
Des comédiens à l’imagination surprenante relèvent le défi créatif de l’improvisation. «Rien n’est préparé, assure Céline Andersson, coach de l’équipe suisse. Nous avons fait quelques matchs d’entraînement, mais nous ne connaissons absolument pas les sujets qui nous seront imposés.»
Présenté comme le plus ancien des tournois d’improvisation au monde, le Mondial naît en 1992. Il regroupe cette année 35 comédiens et 5 équipes: la Suisse, la France, la Belgique, le Québec et l’Italie. La finale de samedi devrait se jouer à guichets fermés au Théâtre du Léman, qui peut accueillir jusqu’à 1300 spectateurs. ▅