Le Kosovo se prépare à créer sa propre armée
Le parlement de Pristina a approuvé jeudi trois projets de loi prévoyant la transformation de la Force de sécurité du Kosovo
Le Kosovo a fait un premier pas jeudi vers la création de sa propre armée, dix ans après avoir déclaré son indépendance, malgré l’opposition farouche de sa minorité serbe et de la Serbie.
Depuis la fin de la guerre de 19981999 entre la Serbie et la guérilla albanaise locale, les forces internationales conduites par l’OTAN (la KFOR) ont été chargées d’assurer la sécurité du Kosovo.
Plus de 4000 soldats de la KFOR sont actuellement stationnés dans ce territoire, dont l’indépendance a été reconnue par plus de 110 pays, mais pas par la Serbie, qui le considère encore comme sa province méridionale.
Le parlement de Pristina a approuvé jeudi trois projets de loi prévoyant la transformation en armée régulière de la Force de sécurité du Kosovo (KSF), une force d’urgence entraînée pour répondre à des catastrophes.
Cette initiative est destinée à éviter un changement de la Constitution pour établir légalement des forces armées, qui requerrait une majorité des deux tiers et pourrait permettre aux députés de la minorité serbe locale de bloquer une nouvelle fois le projet.
«Une menace pour la paix»
Depuis sa déclaration unilatérale d’indépendance de la Serbie en 2008, le Kosovo a essayé de mettre sur pied sa propre armée, mais s’est heurté à l’âpre opposition de la Serbie et des élus serbes locaux.
A Belgrade, le ministre serbe de la Défense, Aleksandar Vulin, a déclaré que l’établissement d’une armée du Kosovo serait «une menace pour la paix», visant à «menacer la Serbie et les Serbes».
«Il ne saurait y avoir une autre force armée au Kosovo que la KFOR aussi longtemps que la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU (qui a mis fin à la guerre) est en place», a ajouté M. Vulin.
L’OTAN avait fait savoir auparavant qu’elle préférerait la transformation de la KSF en armée par la voie constitutionnelle.
Les projets de loi votés jeudi ont été approuvés par une centaine de parlementaires, sur un total de 120. Leur adoption définitive est programmée pour le mois prochain. En signe de protestation, les députés serbes ont quitté la séance.
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